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2021/07/10 – Mt 10, 24-33

Jésus avertit ses disciples qu’un serviteur n’est pas au-dessus de son maître et qu’un serviteur doit se contenter d’être comme son maître. Si lui, le maître, s’est fait traiter de Béelzéboul, ils peuvent s’attendre à pire. La crainte ne doit pas les empêcher de dévoiler tout ce qu’ils savent. Ils ne doivent pas craindre ceux qui peuvent attenter à leur vie. Pour leur Père, les disciples sont encore plus importants que toutes les créatures vivantes dont il prend soin. En outre, celui qui se prononcera pour Jésus l’aura comme intercesseur auprès du Père.

A ce point du discours missionnaire, il est clair que ces instructions s’adressent à tout chrétien. Même si le discours s’adresse d’abord aux 12 apôtres, ceux-ci doivent servir de modèle pour tout disciple. La persécution des disciples montre l’authenticité de leur lien avec leur Maître.

Jésus est venu dévoiler ce qui était caché. Il est venu apporter la révélation. Et cette révélation n’est pas seulement pour un petit nombre d’initiés. Elle est pour tous: elle doit être proclamée sur les toits. C’est elle qui apporte la vraie vie, la vie de l’âme. C’est pour cela qu’il est important de la communiquer sans craindre ceux qui la refusent.

Il répète: Ne craignez pas…Ne craignez pas… Soyez sans crainte…

C’est la mission que le Père a donnée au Fils que les disciples continuent. Ils peuvent compter sur Celui pour qui toute créature vivante est importante.

Ils peuvent aussi compter sur Celui qu’ils ont proclamé courageusement: il sera leur intercesseur auprès du Père.

Jean Gobeil SJ 

 

 

 

 

 

 

2021/07/09 – Mt 10, 16-23

Les envoyés peuvent s’attendre à des persécutions. Ils sont envoyés comme des brebis au milieu des loups. Ils seront livrés aux tribunaux (sanhédrins), flagellés dans les synagogues, traînés devant les gouverneurs et les rois. Ils ne doivent pas s’inquiéter sur leur façon de répondre: c’est l’Esprit du Père qui parlera en eux. Leur appartenance au Christ entraînera des divisions même dans leurs familles. Ils doivent s’attendre à la persécution et être prêts à fuir dans une autre ville. La venue du Fils de l’homme est annoncée comme prochaine.

Notre texte est la continuation des instructions que Jésus donnait aux 12 au moment de les envoyer en mission. Mais il est clair qu’il déborde ce moment. On peut voir dans le récit de Marc (6,12) et dans celui de Luc (9,6) que les 12 ont proclamé et fait des guérisons mais qu’il n’a pas été question de persécution, d’arrestation et de comparution devant des gouverneurs et des rois. Matthieu a profité de l’occasion pour grouper des paroles pour faire une sorte de traité du missionnaire.

Il fait ainsi allusion à des situations qui sont arrivées après la vie de Jésus. Par exemple, Paul, alors qu’il est prisonnier avant d’être envoyé à Rome, a comparu devant Félix, le gouverneur, et devant Hérode Agrippa 1 qui était roi à ce moment (vers l’an 60), d’où la mention de gouverneurs et de rois.

La mention des sanhédrins rappelle qu’à part le grand sanhédrin de Jérusalem (71 membres) il y avait des sanhédrins régionaux, composés de vingt-trois notables, qui devinrent très importants après la disparition du grand Sanhédrin lors de la chute de Jérusalem en 70.

La fuite de ville en ville est une description des voyages missionnaires de Paul qui prêchait jusqu’à ce qu’il soit expulsé ou bien jusqu’à ce que la situation devienne trop dangereuse.

Mais il semble bien que Matthieu, dans ses instructions, ne pense pas seulement aux 12 ou aux missionnaires “professionnels”, comme Paul et Barnabé. Jésus parle de persécutions à cause de moi et à cause de mon nom. N’importe quel disciple porte le nom du Christ: c’est l’origine du mot chrétien très tôt (Actes 11,26).

Ainsi tout disciple de Jésus, doit être prêt à témoigner par sa vie de son appartenance au Christ. Cela ne se fait pas sans difficultés. Mais l’aide de l’Esprit est promise et la fidélité, persévérer jusqu’à la fin, fait partie du devoir de celui qui veut être sauvé : Le juste vivra par sa fidélité. (Habaquq 2,4)

Jean Gobeil SJ

2021/07/08 – Mt 10, 7-15

Après avoir décidé d’envoyer les douze en mission, Jésus leur donne ses instructions. C’est le début du 2e grand discours de Matthieu, le discours apostolique, c’est-à-dire le discours pour les envoyés, ou discours missionnaire. Ils doivent proclamer que le Royaume des cieux est tout proche. Ils ont le pouvoir de faire des guérisons comme signes du Royaume. Ils ne doivent pas se faire payer pour leur ministère mais ils peuvent accepter leur nourriture. Dans chaque village, ils doivent rester dans la maison qui les accueille jusqu’à leur départ: en d’autres mots, ils ne doivent pas passer de maison en maison, comme le dira explicitement le texte de Luc (10,7). Ils doivent souhaiter la paix sur la maison qui les accueille; si elle en est digne, cette paix restera sur elle.

Dans le but de rejoindre ces foules qui lui faisaient pitié, Jésus envoie les 12 en mission comme pour multiplier sa présence. Cette mission est comme une copie de ce que fait le Christ.

Le premier contact de Jésus avec la foule est de proclamer l’approche du Royaume de Dieu. C’est ce que doivent faire les envoyés.

Comme Jésus qui est le Messie d’Israël, les envoyés ne doivent pas se disperser ailleurs, du moins pour cette mission.

Comme Jésus, avec la proclamation du Royaume, ils doivent avoir ces gestes de bonté pour guérir les possédés et les malades et cela, sans rétribution. Ils ont reçu gratuitement; ils doivent donner gratuitement.

Leur style de vie dans cette mission est très dépouillé: ils ne doivent pas avoir de réserve de vêtement, ni protection (le bâton). Leur seule sécurité est leur confiance en la Providence. Ceci semble bien refléter la façon dont vivait Jésus dans son ministère public alors que les distances étaient toujours assez courtes. Mais avec le temps, quand la mission nécessitera des voyages maritimes, il faudra bien avoir ce qu’il faut pour payer le passage et en outre apporter ses provisions. Mais la leçon de désintéressement n’est peut-être pas superflue pour les ministres chrétiens du temps de Matthieu.

Finalement, il y a la perspective du succès et de l’échec de la mission à un endroit donné. L’envoyé ne fait que transmettre l’offre de Dieu. Les gestes de bonté sont l’oeuvre de Dieu. Le refus de l’offre est le refus de Dieu. Le jugement appartient donc à Dieu seul.

En cas de refus, l’envoyé n’a qu’à continuer ailleurs sa mission.

Jean Gobeil Sj

2021/07/07 – Mt 10, 1-7

Jésus appela ses douze disciples et leur donna le pouvoir de chasser les esprits mauvais et de guérir les maladies et infirmités. L’évangile donne les douze noms. Puis Jésus les envoie en mission auprès des brebis perdues d’Israël pour proclamer que le Royaume des cieux est proche.

Jésus appela ses douze disciples…. Cela suppose qu’ils existent déjà comme groupe. Quand ont-ils été formés dans ce groupe? C’est Marc qui nous donne ces détails importants. Jésus est sur une montagne et, parmi ses disciples, il en appelle douze. Et il répète qu’il institua les douze. Ce chiffre évoque les douze tribus qui constituaient Israël. Ces disciples représentent donc le nouveau peuple de Dieu qui commence.

Marc dit quel va être le rôle de ces douze. Il les institua pour être ses compagnons et pour les envoyer prêcher avec des pouvoirs semblables aux siens (Marc 3,14). S’ils sont ses compagnons, ils pourront donc être des témoins de ses actes et de ses paroles. Quand avant la Pentecôte, les disciples voudront trouver un remplaçant de Judas, ce seront les conditions qui devront être remplies: quelqu’un qui nous ait accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu au milieu de nous, en commençant au baptême de Jean (Actes 1,21-22). C’est cette condition qui fait que l’église primitive ne pensera pas à continuer cette institution des douze: quand Jacques, le frère de Jean sera exécuté entre les années 41 et 44, il ne sera pas remplacé (Actes 12,2). Les témoins de ce genre sont devenus trop rares. Une marque que les évangélistes considèrent cette institution de Jésus comme très importante est le fait qu’en citant le nom de Judas, on ajoute ou bien celui qui le livra ou bien l’un des douze, comme si Judas était doublement coupable.

La seconde partie du rôle des douze est d’être envoyés prêcher. C’est à partir de cet envoi par Jésus qu’ils sont des apôtres (apostoloi = envoyés) et c’est seulement dans ce texte-ci que Matthieu emploie le terme.

Juste avant le texte d’aujourd’hui, Jésus a eu pitié des foules qui étaient comme des brebis sans pasteur. Il va donc associer les douze à sa mission en les envoyant avec des pouvoirs semblables aux siens pour annoncer que le Royaume des cieux est proche. Ils sont envoyés exclusivement à Israël. Jésus s’adresse exclusivement à Israël dans l’attente d’une acceptation éventuelle par les autorités. Mais il montre quand même que cette exclusion est relative et que c’est plutôt une question de priorité puisqu’il a déjà libéré le possédé de Gadara, un païen, guéri la fille d’une syro-phénicienne et guéri le serviteur d’un centurion qui n’était certainement pas un juif. De sorte qu’après le rejet par les autorités religieuses d’Israël et après qu’il n’y aura plus que des conversions individuelles parmi les Juifs, les premiers chrétiens ne pourront pas invoquer l’exemple de Jésus pour refuser de se tourner vers les païens.

Jean Gobeil SJ 

2021/07/06 – Mt 9, 32-38

On présente à Jésus un muet dont le mal est attribué à un esprit mauvais. Quand l’esprit est chassé le muet se met à parler et la foule est dans l’admiration mais les pharisiens attribuent le pouvoir de Jésus à une association avec le chef des démons. Suit un sommaire de l’activité de Jésus: il proclame la Bonne Nouvelle à travers villes et villages et dans les synagogues en faisant de nombreuses guérisons. Il a pitié des foules qui sont comme des brebis sans berger. Il recommande à ses disciples de prier Dieu d’envoyer des ouvriers dans sa moisson.

L’épisode précédent racontait que Jésus avait guéri deux aveugles en touchant leurs yeux. Avec maintenant la guérison d’un muet, Matthieu montre l’accomplissement de la prophétie d’Isaïe: C’est lui, Dieu, qui vient vous sauver. Alors se dessilleront les yeux des aveugles et les oreilles des sourds s’ouvriront. Alors le boiteux bondira comme un cerf et la langue du muet criera de joie. (Isaïe, 35,4-6)

C’est Dieu qui vient et la foule reconnaît la nouveauté de l’action de Jésus : Jamais rien de pareil ne s’est vu en Israël.

L’accueil de la foule est favorable mais en face le groupe d’opposition se durcit. Les scribes se sont scandalisés des paroles de Jésus; les pharisiens ont critiqué Jésus parce qu’il mangeait avec des publicains; les disciples de Jean Baptiste l’ont critiqué de ne pas faire jeûner ses disciples. Ici les pharisiens se durcissent et attribuent ses guérisons à Satan.

Mais Jésus continue de proclamer la Bonne Nouvelle aux gens de bonne volonté et les foules qui cherchent suscitent sa pitié. Il faudrait des pasteurs pour les instruire. Il recommande aux disciples d’en faire la demande au Père.

Dans le Royaume, l’intercession pour les autres est importante. Jésus lui-même, en plusieurs occasions, se montre sensible à une démarche de demande en faveur de quelqu’un. Quand des porteurs emmènent auprès de Jésus un paralytique, Jésus voyant leur foi dit au paralytique de se lever et il est guéri. La foi des porteurs est décisive dans la guérison du malade.

Luc rapporte l’histoire du centurion qui avait un serviteur qui lui était cher et qui était malade. Ce centurion envoie des anciens auprès de Jésus pour lui demander de guérir son serviteur. Ceux-ci recommandent vivement ce non-juif à Jésus qui se met aussitôt en marche pour aller chez lui.

La prière des disciples est donc importante pour que le Père envoie des ouvriers dans sa vigne. L’Église a retenu le message: c’est pour cela qu’elle a proclamé Thérèse de l’Enfant Jésus, une carmélite cloîtrée, patronne des missions.

Jean Gobeil SJ 

2021/07/05 – Mt 9, 18-26

Un chef de synagogue vient se prosterner devant Jésus. Sa fille vient de mourir. Il demande à Jésus de venir lui imposer les mains. En route, une femme souffrant d’hémorragie, vient toucher la frange de son vêtement pour être guérie. Ce qui arrive aussitôt à cause de sa foi. Arrivé chez le chef, Jésus met la foule dehors. Il entre, saisit la main de la jeune fille qui se lève.

Matthieu a simplifié le texte de Marc pour se concentrer sur la rencontre dans la foi de deux personnes avec Jésus.

Un notable, que Marc nommait Jaïre et qu’il présentait comme chef de la synagogue, vient à Jésus. Sa fille est morte, ce qui veut dire qu’il faut qu’il ait assez de foi pour croire que Jésus peut rendre la vie. Il a cette foi et Jésus le suit pour aller faire une imposition des mains.

En cours de route, survient cette femme qui souffre d’une perte de sang depuis des années. Le sang représente la vie et la vie appartient à Dieu, ce qui fait qu’un contact avec le sang constitue une impureté très grave. Quelqu’un qui est dans cet état doit se tenir à l’écart et ne peut toucher à personne sinon elle communiquerait cette impureté. Cette femme, en plus d’avoir cette maladie, a donc dû se tenir en marge de la société pendant des années. C’est en tenant compte de tout cela que, par trois fois, au lieu de parler de guérison on parle d’être sauvé. La femme pense qu’elle sera sauvée si elle peut toucher à la frange de son manteau. Jésus dit que sa foi l’a sauvée et finalement l’évangéliste déclare: et elle fut sauvée. On voit l’importance de sa foi non seulement à cause de la gravité de son état mais surtout à cause de la confiance qu’elle devait avoir pour être prête à briser l’interdit pour aller toucher au Christ.

Jésus continue sa route et arrive à la maison du notable où on a déjà commencé les rites bruyants de deuil. Jésus interrompt le concert en disant qu’elle n’est pas morte mais qu’elle dort. Les gens se moquent mais Jésus les met dehors. Il saisit la main de la jeune fille et elle se lève.
Jésus parle de la mort comme d’un sommeil (il dira la même chose pour la mort de Lazare). Ce sera la même chose pour les chrétiens et les premiers auteurs parleront de mourir en disant s’éveiller dans le Christ. Pour cette raison, on laissera de côté les bruyantes manifestations de chagrin qui faisaient partie des rites funèbres.

Jésus n’a pas peur d’être touché ni de toucher. Jésus ne blâme pas la femme de l’avoir touché. Il prend la petite fille par la main. Il touchera les yeux des aveugles et les oreilles des sourds. Il prendra même la main d’un lépreux. Il se fâchera quand les disciples voudront écarter les enfants qui le touchaient et lui, les embrassera.. A Thomas qui doutait il dira: Touche! Et il ajoutera: Bienheureux ceux qui ont cru sans avoir vu.
Pourquoi bienheureux? Parce qu’ils peuvent, par la foi, toucher le Seigneur!

Jean Gobeil SJ 

 

 

2021/07/03 – Jn 20, 24-29

Thomas n’était pas avec les autres disciples quand Jésus était venu. Eux lui disaient: Nous avons vu le Seigneur! Mais Thomas déclare qu’à moins de le toucher il ne croira pas. Huit jours plus tard, alors que les portes sont verrouillées, tout à coup Jésus est au milieu d’eux et leur dit: La paix soit avec vous. Puis il dit à Thomas de regarder et de toucher et enfin de croire. Thomas dit alors: Mon Seigneur et mon Dieu. Jésus lui dit : Tu crois parce que tu as vu. Heureux ceux qui croient sans avoir vu.

Le récit commence par une apparition de Jésus. Les portes verrouillées indiquent qu’après sa résurrection Jésus possède une forme de vie complètement nouvelle. Sa présence n’est plus limitée par des portes ou des murs. Il est déjà là et il n’a qu’à vouloir que cette présence devienne visible pour apparaître aux disciples. Les cicatrices de la crucifixion montrent que c’est bien celui qui a vécu avec eux qui a maintenant cette nouvelle vie.

Lorsque Jésus avait décidé de monter dans le territoire de Jérusalem parce que Lazare était mort les disciples avaient été effrayés par le risque qu’il prenait. C’est Thomas qui avait alors exprimé la décision du groupe de disciples en disant : Allons, nous aussi, pour mourir avec lui. (Jean, 11,16)

Dans le premier discours d’adieux, en parlant d’aller au Père Jésus avait dit : Du lieu où je vais vous connaissez le chemin. (Jean 14,5)
Thomas s’était montré réticent. Il ne voyait pas : Seigneur, nous ne savons pas où tu vas. Comment saurions-nous le chemin?
Et Jésus lui avait répondu: Je suis le Chemin, la Vérité et la Vie. (Jean 14,6)

Finalement, lui qui invitait les disciples à suivre Jésus pour mourir avec lui il n’est pas capable de croire ces mêmes disciples qui disent l’avoir vu, ressuscité. Il faudra qu’il voit lui-même et il met des conditions. Sa foi aura du chemin à faire et elle le fera pour aboutir à une nouvelle relation avec Jésus, comme Seigneur et comme Dieu. Il n’y aura pas de titres plus élevés à donner à Jésus que ceux de la profession de foi de ce Thomas.

On a l’impression quand on arrive à la dernière phrase de Jésus que tout le récit était une préparation pour cette phrase. Brusquement Jésus parle aux lecteurs de l’évangile! Si Thomas a eu de la difficulté alors que lui pouvait voir faut-il se surprendre qu’il y ait des moments difficiles pour la foi de ceux qui n’ont pas vu. Si Thomas ne connaissait pas le chemin faut-il se surprendre que parfois le chemin ne soit pas évident? C’est en quelqu’un qu’il faut croire, quelqu’un avec son mystère; quelqu’un qui a dit: Mes voies ne sont pas vos voies, et qui pourtant nous a dit de prier en disant: Que ta volonté soit faite.

Jean Gobeil SJ

2021/07/02 – Mt 9, 9-13

Jésus en sortant de Capharnaüm appelle Matthieu, un collecteur d’impôt, à le suivre. Il se lève immédiatement et se met à sa suite. Suit la scène d’un repas (peut-être dans la maison de Matthieu), dans lequel Jésus et ses disciples mangent avec des publicains et des pécheurs. Des pharisiens demandent aux disciples pourquoi Jésus mange-t-il avec ces gens. Jésus a entendu et répond en déclarant qu’il est venu pour ceux qui avaient besoin de lui, comme un médecin pour les malades. Jésus conclut par une citation du prophète Osée: C’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice.

C’est un moment important de la vie du Christ. Ce qu’il choisit de faire est révélateur de sa mission et de sa personne. Il avait dû faire des choix importants auparavant. Le premier est sans doute sa position par rapport à Jean Baptiste.

Jean avait prêché et baptisé au Jourdain, près d’une source. Sa renommée l’avait rendu célèbre et les gens se déplaçaient pour aller l’entendre et recevoir son baptême. Jésus commencera son ministère près de Jean Baptiste. C’est là qu’il connaîtra certains disciples de Jean qui deviendront ses disciples à lui. Mais très vite Jésus adoptera une méthode différente de celle du Baptiste. Au lieu d’attendre que les gens viennent à lui il ira vers les gens. Il sillonnera la Galilée; il ira occasionnellement en territoire païen, de l’autre côte du lac ou au nord de Capharnaüm dans le territoire d’Hérode Philippe. Il a donc choisi de ne pas être limité géographiquement. Son message aussi sera différent de celui de Jean.

Jean avait annoncé un puissant envoyé de Dieu qui viendrait faire un jugement et condamner les mauvais: ils seraient jetés au feu comme la paille inutile ou coupés à la hache comme le bois mort. La hache, disait-il, est déjà à la racine des arbres; tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits va être coupé et jeté au feu. (Matthieu 3,10) Jésus, lui, annonçait qu’avec sa présence le Royaume de Dieu était arrivé et qu’il n’était pas venu juger ou condamner mais bien chercher et sauver ce qui était perdu. (Luc 19,10) Il ne veut donc pas être limité par une perspective de jugement, de rétribution, de condamnation.

Or, dans notre texte, Jésus montre qu’il a choisi de ne pas être limité par des frontières ou des délimitations sociales ou religieuses. La société de Jésus ne manque pas de compartiments où sont groupés des gens qui sont soigneusement isolés du reste de la société. Ce sont des marginaux qui sont considérés ou bien comme pécheurs à cause de leur conduite morale ou bien impurs en raison de leur maladie contagieuse comme la lèpre et les affections de la peau, ou bien impurs comme les bouchers à cause de leurs contacts avec le sang, comme les métiers de transport, chameliers et matelots, à cause de leurs contacts avec les païens et bien d’autres. Ces gens sont exclus de la société et doivent être évités. Qu’on se rappelle au procès de Jésus, les prêtres qui refusent d’entrer au palais de Pilate pour ne pas contracter d’impureté qui les empêcherait de célébrer la Pâque le soir de ce vendredi-là. Et l’endroit où il faut absolument éviter des impurs c’est la table. Qu’on se rappelle encore la réaction de l’église de Jérusalem qui demande des explications à Pierre. On n’est pas surpris qu’il ait baptisé. Corneille, un centurion romain, mais on lui demande comment il a pu oser aller manger chez lui!

Or Jésus choisit comme disciple un collecteur d’impôt, un métier impur. En faisant cela, il vient de détruire une frontière de la société. On devine le choc par la réaction des autres collecteurs d’impôt: ils se sentent acceptés puisqu’il a accepté Matthieu. Et les voilà tous rendus chez Matthieu où se trouve Jésus. D’autres s’objectent, les pharisiens. Mais Jésus leur déclare que c’est la miséricorde qui a la priorité et non les prescriptions de la société statuant ce qui est religieusement correct.

C’est le choix de Jésus: les pauvres, les petits dont parlait l’Ancien Testament, pour Jésus ce seront ces marginaux laissés de côté par la société.

Jean Gobeil SJ 

 

2021/07/01 – Mt 9, 1-8

Jésus revient à Capharnaüm après avoir été en territoire païen de l’autre côté du lac. Des gens lui amènent un paralytique couché sur une civière, Jésus dit au paralytique: Confiance, tes péchés sont pardonnés. Des scribes sont scandalisés et pensent que c’est un blasphème (seulement Dieu peut déclarer que des péchés sont pardonnés). Alors Jésus annonce ce qu’il va faire pour montrer que Dieu lui accorde ce pouvoir. Il va guérir le paralytique. Il lui dit: Lève-toi, prends ta civière et rentre chez toi. Le paralytique se leva et rentra chez lui. La foule réagit en rendant gloire à Dieu.

Matthieu a une façon bien caractéristique de traiter les miracles. Il simplifie les récits pour concentrer l’attention du lecteur sur une rencontre dans la foi entre une personne et Jésus. Il fait donc disparaître les détails concrets qui se trouvaient dans la source qu’il utilise (ici, c’est le texte de Marc). Le résultat est que ce récit interpelle le lecteur. C’est le même Jésus qui nous parle aujourd’hui. C’est de cette façon qu’il parle. C’est de cette façon qu’on s’adresse à lui.

Voyant leur foi. Il s’agit de la foi du paralytique et des porteurs. Marc avait beaucoup de détails pour illustrer cette foi. Les porteurs arrivent devant la maison où se trouve Jésus. Il y a trop de foule pour qu’ils puissent entrer et déposer la civière aux pieds de Jésus (c’est là qu’elle est la foule qui apparaît à la fin du texte de Matthieu). Donc, toujours dans Marc, les porteurs montent sur le toit, le défoncent et descendent le paralytique aux pieds de Jésus. Alors Jésus voyant leur foi…c’est-à-dire la foi des porteurs.

Matthieu fait disparaître la scène du toit mais il ne corrige pas pour dire Voyant sa foi (la foi du paralytique) il conserve la forme de Marc: Voyant leur foi… La foi des porteurs fait partie de la réponse de Jésus au paralytique. La leçon pour les lecteurs reste évidente: l’intercession pour les autres, la prière pour les autres, ce qu’on fait pour les autres, tout cela a beaucoup de poids aux yeux du Seigneur.

La signification des miracles ressort très clairement des paroles de Jésus. La guérison physique est un signe de la guérison intérieure. Jésus a dit qu’il était venu pour donner la vie en surabondance. C’est ce que le miracle illustre. Nous avons tous besoin de cette vie. Nous avons tous besoin de plus de vie, de guérison. C’est le même Christ qui veut aujourd’hui répondre à notre besoin et nous rencontrer.

Dans une église byzantine (Chora à Istanbul), une mosaïque décrit la fin de la scène: le paralytique ne fait pas simplement rentrer chez lui; il court, une jambe en l’air, avec le grabat sur le dos! Il a vraiment rencontré le Seigneur!

Jean Gobeil SJ 

2021/06/30 – Mt 8, 28-34

Jésus a traversé du côté est du lac de Génésareth dans un territoire païen. Deux possédés sortent d’un lieu impur, un cimetière, et viennent interpeller Jésus. Les esprits se sentent menacés par celui qu’ils appellent Fils de Dieu et lui demandent, s’il veut les expulser, de les laisser aller rester dans un troupeau de porcs, détail qui indique bien qu’on n’est pas en territoire juif. Jésus leur donne l’ordre: « Allez-y ». Aussitôt que le troupeau sent la présence de ces esprits mauvais, il se précipite dans la mer et périt. Les gardiens du troupeau vont annoncer à la ville ce qui est arrivé aux possédés et au troupeau. Une foule vient vers Jésus pour lui demander de s’éloigner de la région.

Cet épisode se situe après le miracle de la tempête apaisée alors que Jésus a montré à ses disciples qu’il était bien le maître des vents et de la mer. Il débarque en territoire païen, un endroit où les démons et les esprits mauvais ont beaucoup plus de latitude. La façon de parler des esprits le montre. Ils disent à Jésus : « De quoi te mêles-tu, Fils de Dieu? Es-tu venu ici pour nous tourmenter avant le temps? » (TOB)

Le ici montre qu’ils se pensent sur leur territoire. Le temps mentionné se réfère à une croyance de l’époque: les démons seront définitivement vaincus au jugement dernier. Pour le présent, ils sont particulièrement actifs dans les territoires païens et ce qu’ils font faire aux possédés montre comment le mal contamine tout. Non seulement ces possédés sont violents et dangereux pour les passants mais encore, pour venir à Jésus, ils sortent des tombeaux. Ces tombeaux sont des tombes creusées dans le roc ou des cavernes naturelles servant de sépulture. Ils s’abritent donc dans des endroits où il y a des cadavres, ce qui les rend impurs de façon permanente et particulièrement répugnants.

Les démons connaissent la puissance de Jésus; pour ne pas être expulsés définitivement du territoire, ils demandent, s’ils sont chassés des possédés, d’aller dans le troupeau de porcs. Il y a peut-être un trait d’ironie dans cette partie du texte. Pour des oreilles juives, que des animaux impurs comme sont les porcs soient possédés par des démons, montre que c’est pour eux le genre de demeure qui leur convient et qu’ils méritent bien. Un sens possible est que la mer qui a obéi à Jésus dans l’épisode de la tempête apaisée est encore au service du Maître même en territoire païen. Mais la population locale qui pourtant reconnaît la puissance de Jésus qui a libéré les possédés n’est pas prête à le suivre.

L’événement sert donc de leçon seulement pour les disciples. Ils ont vu la puissance de Jésus dans la tempête apaisée alors que même les vents et la mer lui avaient obéi. Ils voient maintenant que sa puissance n’est pas limitée à Israël.

Jean Gobeil SJ