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2021/08/03 – Mt 14, 22-36

Le récit est centré sur Jésus et ses disciples. Ceci a commencé dans la multiplication des pains juste auparavant. Jésus a pris les pains, les a bénis et les a rompus: des mots qui rappellent l’institution de l’Eucharistie. Ensuite dans Marc, Jésus distribue les pains. Mais dans Matthieu, Jésus fait distribuer les pains par les disciples. On est dans une vision du rôle des disciples dans l’Église.

Jésus va prier dans la montagne. Souvent, c’est quelque chose qu’il fait avant un moment important. Les disciples sont en difficulté et Jésus semble bien absent. C’est un moment qui se répétera souvent dans l’Église. Dans ce moment de difficulté, Jésus recommande trois choses. La première est la confiance. La confiance suppose la foi. Il faut conserver la foi en la présence du Christ en dépit des apparences. La base de la confiance est dans la seconde parole: C’est moi. Il est présent et il est là pour sauver comme Pierre le demande. Et finalement il dit: N’ayez pas peur. La peur paralyse et empêche d’agir: Pierre s’est mis à enfoncer quand il a eu peur. S’il y a la foi en la présence de Celui qui sauve, il ne devrait pas y avoir cette peur qui empêche d’agir.

Dans la présence du Christ dans la tempête, il y a une promesse qui sera répétée dans les derniers mots de l’évangile de Matthieu : Et voici que je suis avec vous pour toujours jusqu’à la consommation des siècles.

La conclusion est une image de la foi: il suffisait pour les malades d’avoir confiance et de toucher à la frange de son manteau et ils étaient guéris. On peut penser qu’il n’est pas nécessaire d’être un grand mystique pour être présent à l’action salvatrice du Christ: la frange de son manteau suffit.

Jean Gobeil SJ

2021/08/02 – Mt 14, 13-21

Des nouvelles tristes ou même accablantes surviennent parfois dans nos vies. Comment devrait-on les surmonter et les assumer sans nous démoraliser? Plusieurs pensent que les distractions ou le travail permettent d’oublier ou, au moins, de prendre ses distances pour objectiver et relativiser l’effet de ces événements. Quelle conduite Jésus a-t-il adoptée lorsqu’il a vécu une situation difficile et même pénible? L’Évangile nous dit qu’il s’est retiré dans un endroit isolé, sans doute pour méditer et pour prier.

Quelles étaient ces nouvelles?

Tout d’abord une expérience qui a dû ulcérer Jésus: le refus que lui opposèrent les gens de son village, Nazareth (13,53-56). Ils refusèrent de croire en lui, dans la mission que Dieu lui avait confiée. Ses amis depuis son enfance se disaient qu’ils le connaissaient bien, depuis toujours ; et cela les empêchait de croire en lui (13,57). Jésus ne peut accomplir des miracles à cause de leur manque de foi (13, 57), non pas qu’il soit devenu impuissant, mais parce que la foi seule permet d’accueillir l’action du Christ, d’y découvrir un sens. Le miracle n’est pas une action extraordinaire qui voisine la magie, mais un signe qui exprime un message de Dieu.

En plus de cette épreuve, Jésus apprend l’exécution de Jean Baptiste par un roi adultère. Jean avait baptisé Jésus, qui, d’une certaine manière, avait peut-être été son disciple et qui avait commencé son ministère juste après l’incarcération de Jean, donnant l’impression qu’il continuait la mission de Jean. La mise à mort de Jean annonçait à Jésus que le même rejet et sa condamnation par les autorités seraient sa destinée de suivre son précurseur.

Jésus se retire alors dans un endroit désert, à l’écart, pour retrouver la force de persévérer dans l’intimité de la prière avec Dieu, son Père. Il évite l’amertume qui nous guette après un échec ou la colère devant l’incompréhension et l’incrédulité.

Une contrainte imprévue

Il nous arrive d’avoir planifié une période de repos dans un endroit isolé pour qu’une circonstance subite dérange nos prévisions. On est tenté de s’insurger contre cette surprise qui dérange, de fermer sa porte à cet importun qui dérange. Le Christ nous dit cependant que dans ce pauvre ennuyeux, c’est qui demande notre secours.

Pour Jésus qui cherche le repos, c’est une grande foule de gens qui l’attendent sur la rive. Ils représentent notre pauvre humanité malade, infirme et souvent sans espérance. La réaction du Christ est celle de Dieu, qui est l’Amour, il est saisi de pitié envers eux. La compassion, ce n’est pas simplement s’apitoyer, c’est souffrir en union avec l’autre écrasé par sa misère. Aussi cette pitié de Jésus est active. Dieu dans son Envoyé guérit, il cicatrise les blessures que nos péchés nous ont causées. La guérison corporelle est une image de la guérison spirituelle, bien plus profonde que celle qui n’atteint que le physique. Telle est la volonté de Dieu en nous créant, il désirait que nous vivions pleinement.

Le repas de famille

Les disciples représentent notre humanité et ils expriment notre condition misérable dans le désert de notre existence terrestre. Notre monde a faim de vie, de joie et de bonheur. À ses disciples qui constatent la situation pénible de la foule, Jésus répond en leur rappelant leur responsabilité de nourrir tous ces gens. Il veut faire prendre conscience à ses disciples qu’ils sont démunis devant un si grand besoin, car ils n’ont que quelques pains et deux poissons, qui montrent les ressources pitoyables dont dispose l’Église réduite à ses ressources humaines face à la faim de liberté, de joie et de paix dont souffre le monde.

C’est dans notre désert que le Christ nous offre le repas dans lequel il se donne personnellement en nourriture. Ce récit de la multiplication des pains reparaît six fois dans les évangiles, attestant ainsi sa signification centrale pour les premiers chrétiens. Ce repas offert par le Christ représentait déjà pour eux le sacrement central, celui qui révèle l’Amour extrême de Dieu dans son Fils incarné. Il se livre constamment à nous, à travers les siècles, pour entretenir, renouveler et développer en nous sa vie de Ressuscité.

Jean-Louis D’Aragon SJ

2021/07/31 – Mt 14, 1-12

Hérode Antipas apprend la renommée de Jésus. Il pense que son pouvoir de faire des miracles lui vient de ce qu’il est ressuscité des morts et que ce ressuscité doit être Jean Baptiste qu’il a fait arrêter parce qu’il condamnait son mariage avec Hérodiade, la femme de son demi-frère Philippe. Lors d’une fête en l’honneur de l’anniversaire de naissance d’Hérode et en présence de nombreux dignitaires, il promet à la fille d’Hérodiade qui l’a enthousiasmé par une danse de lui donner ce qu’elle voudrait. A la suggestion de sa mère elle demande la tête de Jean Baptiste. Hérode, très contrarié, doit satisfaire la demande pour ne pas perdre la face. Les disciples de Jean réclamèrent alors le corps pour l’ensevelir et rapportèrent la nouvelle à Jésus.

Un peu avant cet épisode, Jésus a été rejeté par les gens de Nazareth lors de sa première prédication. On ne pouvait accepter que le fils d’un charpentier soit un prophète ou un sage. Maintenant que la nouvelle de sa popularité parvient aux oreilles d’Antipas, c’est l’annonce d’un danger plus sérieux: celui du pouvoir politique.

C’est de Rome qu’Antipas tient sa position de tétrarque de Galilée. En retour, il doit assurer la paix dans son territoire. Dès le début de son règne, il avait réussi à saisir et exécuter Judas le galiléen, une sorte de révolutionnaire et de bandit qui avait toujours échappé à son père Hérode le Grand. Ensuite ce fut Jean Baptiste qui attirait les foules. L’historien Flavius Josèphe, qui est seulement une génération après les événements, dit qu’Hérode, voyant que la foule était exaltée en entendant parler Jean et que les gens, une fois retournés dans les diverses parties du pays, semblaient prêts à suivre en tout les directives de Jean, eut peur d’une révolte générale. Donc, pour une raison de sécurité, il fit arrêter Jean mais commit le crime de le faire exécuter. Cette explication n’est pas incompatible avec l’explication de Matthieu, même si Flavius ne mentionne pas le banquet mais nous donne le nom de la fille d’Hérodiade: Salomé.
Pour son auditoire romain, Flavius ne parle pas de Jean comme d’un prophète mais donne un équivalent: il était un homme sage et bon. Flavius voit que c’est pour ce crime qu’Hérode fut puni par la guerre que lui fit le beau-père de l’épouse qu’il avait renvoyée, Arétas, roi des Nabatéens à l’est de la Mer Morte.

Le récit de Matthieu indique donc que ce n’est pas une bonne chose pour Jésus que d’inquiéter Hérode. Luc dira un peu plus tard que des Pharisiens avertirent Jésus : Pars et vas-t-en d’ici car Hérode veut te tuer. (13,31) Mais le récit de Matthieu montre autre chose. Jean était le précurseur, celui qui annonçait et préparait le Messie. Sa fin est celle d’un précurseur: elle annonce la fin de Jésus. Lui aussi sera arrêté par le pouvoir religieux et politique et exécuté. Sa mort sur une croix sera la peine réservée aux révolutionnaires, à ceux qui menacent la paix de l’état. Les disciples Jean Baptiste comme ceux de Jésus iront prendre son corps et l’ensevelir. La note finale, les disciples de Jean allèrent en informer Jésus, est plus qu’une information: elle est un avertissement, une prémonition.

Jean Gobeil SJ 

2021/07/30 – Mt 13, 54-58

Jésus retourne dans son pays, c’est-à-dire à Nazareth. Il enseigne dans la synagogue et les gens s’étonnent de sa façon d’enseigner avec autorité. En même temps, on est choqué (scandalisé) parce qu’on ne sait pas d’où lui viennent cette sagesse et ces miracles alors qu’on sait d’où il vient: il est le fils du charpentier et on connaît sa parenté. A cause de leur manque de foi, Jésus ne fit pas beaucoup de miracles.

Jésus enseigne dans leur synagogue: la façon de parler de Matthieu indique que la communauté de Matthieu est rendue à un moment où ils se sentent exclus de la synagogue juive. Ainsi la scène où Jésus est sinon exclus du moins refusé par la synagogue de son propre village leur montre que Jésus aussi est passé par là.

Matthieu a déjà dit (7,29) que Jésus, dans sa prédication aux foules, enseignait en homme qui a autorité et non comme leurs scribes. Ici, on est frappé par sa sagesse mais Matthieu ajoute, ils étaient choqués. Le mot dans le texte grec est scandalisés. Le sens original de scandaliser est mettre un obstacle. Littéralement, ils étaient scandalisés c’est-à-dire ils avaient frappé un obstacle. Et l’obstacle qui les empêche de reconnaître que cette sagesse vient de Dieu est le fait qu’ils pensent savoir d’où il vient: il n’a pas étudié aux pieds d’un rabbin célèbre; il est seulement le fils du charpentier et sa parenté est bien connue. A cause de cela, ils refusent de croire que cette sagesse puisse venir de Dieu et qu’il soit un vrai prophète.

Ils ont entendu parler des miracles qu’il faisait mais Jésus ne fit pas beaucoup de miracles à Nazareth. Marc est plus catégorique: il ne pouvait faire là aucun miracle si ce n’est quelques-uns. Le miracle est un signe qu’il y a eu une rencontre dans la foi entre une personne et Jésus. A Nazareth, l’obstacle de penser connaître son origine empêche cette rencontre. La rencontre du fils du charpentier les empêche de rencontrer le vrai Prophète venu de Dieu.

Jean Gobeil SJ 

2021/07/29 – Lc 10, 38-42

Une femme nommée Marthe reçoit Jésus dans sa maison. Pendant qu’elle s’occupait du service, Marie, sa soeur, écoutait les paroles de Jésus, assise aux pieds du Seigneur. Marthe se plaint que sa soeur ne l’aide pas. Mais Jésus déclare que Marie a choisi la meilleure part et qu’elle ne lui sera pas enlevée.

Le texte commence par dire en passant que Jésus était en route avec ses disciples. Il arrive dans un village où il reçoit l’hospitalité de deux soeurs. C’est bien différent du village samaritain qui avait refusé de le recevoir au début du chapitre mais il semble qu’il y avait bien des gens qui étaient prêts à lui offrir l’hospitalité. Il y en a sur qui Jésus savait qu’il pouvait compter comme cet hôte inconnu à qui il demanda l’usage d’une pièce à l’étage pour célébrer la Pâque à Jérusalem, alors que la ville à ce moment déborde de visiteurs.

Marthe est la maîtresse de maison et elle s’affaire à remplir ce rôle qui est tout à fait normal. Elle se plaint de ce que sa soeur, elle, tient un rôle qui n’est pas normal du tout pour une femme. Elle est assise aux pieds de Jésus et écoute ses paroles: elle est dans la position d’un disciple qui écoute les instructions de son maître. Or les avis des rabbins sont catégoriques: il ne faut pas enseigner la Loi à une femme. Non seulement Jésus parle pour elle mais encore il ne veut pas qu’on la dérange.

En brisant cet interdit, Jésus montre que la condition de disciple n’est pas réservée à des hommes. C’est une leçon qui n’a pas été perdue pour les communautés chrétiennes. Mais il y a plus que cela.
On a mentionné au début du chapitre, que le grand commandement était l’amour de Dieu et l’amour du prochain. A la suite de cela, pour donner une illustration de l’amour du prochain, Jésus a donné l’exemple du bon Samaritain, pourtant un ennemi des Juifs, qui venait en aide à quelqu’un de blessé.

Après l’amour du prochain, l’évangéliste revient à l’amour de Dieu qui a son illustration dans la scène que nous avons. L’écoute de la Parole est une forme de l’amour de Dieu et l’amour de Dieu est le premier commandement. Cette écoute est une forme de l’amour parce que dans la Parole il y a une présence de Dieu. C’est pour cela que, dans la première apparition de Jésus ressuscité aux disciples, la première chose que Jésus fait après s’être fait reconnaître fut : Alors, il leur ouvrit l’esprit à l’intelligence des Écritures. (Luc 24,45) Pour Luc, Marie est donc un modèle parfait de disciple. Pour les disciples, dans le passage qui suit, Jésus donnera une autre forme de l’amour de Dieu: il leur enseignera le Notre Père.

Jean Gobeil SJ 

2021/07/28 – Mt 13, 44-46

La première parabole de ce texte compare le Royaume des cieux à un trésor caché dans un champ qu’un homme découvre. Pour acheter le champ qui le contient, il va vendre tout ce qu’il a.
La seconde parle d’une perle exceptionnelle qu’un marchand de perles découvre. Pour acquérir cette perle unique, il vend toutes ses perles et l’achète.

Il est à remarquer que ces deux paraboles, comme l’explication de la parabole de l’ivraie juste avant, ne sont pas données à la foule mais aux disciples. Après avoir parlé à la foule, Jésus est venu à la maison (Matthieu, 13,36). C’est là que des disciples lui ont demandé l’explication de la parabole de l’ivraie. Et Jésus a enchaîné avec les deux paraboles que nous avons.

Le sens immédiat est clair: celui qui découvre le Royaume dans les paroles de Jésus est prêt à sacrifier toutes ses anciennes sécurités.

On peut remarquer que ce qui est sacrifié pour obtenir un trésor qui représente le Royaume des cieux n’est pas présenté comme quelque chose de mauvais. Ce n’est pas mauvais pour un marchand de perles d’avoir des perles. Mais il est prêt à aller jusque là. Ceci rappelle un point important de la proclamation de l’approche, ou de la présence du Royaume, ou du fait de la Résurrection: dans ces trois proclamations, on demande une conversion. C’est toujours le même mot grec qui est employé (meta-noia) et qui connote une transformation (comme dans meta-morphose). Ce n’est pas seulement du regret pour le mal ou une purification du mal mais encore un retournement complet, une transformation de l’esprit qu’il faut être prêt à accepter pour avoir accès au Royaume. Une illustration de cette transformation est la conversion de Paul telle qu’il la décrit. Toutes ses prérogatives comme hébreu, fils d’hébreu, instruit par Gamaliel, observateur rigoureux de la Loi, tout cela devient pour lui comme de la paille inutile.

Les deux paraboles rappellent donc aux membres de la communauté de Matthieu que le Royaume de Dieu non seulement occupe la première place, il occupe même toute la place: on n’est pas membre du Royaume en plus d’être membre d’autres choses.

Jean Gobeil SJ 

2021/07/27 – Mt 13, 36-43

C’est l’explication de la parabole de l’ivraie dans laquelle des serviteurs découvrent qu’il y a de l’ivraie qui pousse avec le blé et offrent à leur maître d’aller l’arracher. Celui-ci refuse parce qu’il faudrait arracher en même temps du blé. Il va donc laisser pousser les deux et il fera le tri au moment de la moisson. Il suggère que c’est un ennemi qui a semé cette ivraie. L’explication montre que cette parabole est en réalité une allégorie: le champ, c’est le monde; l’ennemi c’est le démon; le bon grain ce sont les fils du Royaume; l’ivraie, ce sont les fils du Mauvais; la moisson, c’est la fin du monde; les moissonneurs, ce sont les anges, envoyés pour enlever tous ceux qui font tomber les autres et ceux qui commettent le mal. Alors les justes resplendiront comme le soleil.

Après les paraboles de la petite graine de sénevé qui grandit et devient un arbre et celle de la pincée de levain invisible qui fait lever toute une quantité de pâte, pour expliquer que le Royaume a d’abord des débuts modestes et que sa véritable action est invisible, la parabole de l’ivraie vient répondre à une autre question qui inquiète la communauté de Matthieu. On trouve la clé de cette question dans la description des fils du Mauvais.

Ce sont ceux qui font tomber les autres et ceux qui commettent le mal.
Avec le temps, les membres de la communauté ont fait l’expérience qui les a surpris: il y en a encore qui font du mal; il y a eu des défections, des abandons; il a peut-être eu des commencements d’hérésie où des membres de la communauté ont été entraînés dans l’erreur. Comment se fait-il qu’il y ait encore la présence du mal dans le Royaume?

La réponse est que ce n’est qu’avec la fin du monde que le mal sera définitivement jugé et séparé des justes.

Dans l’intervalle qui est constitué par le temps de l’Église, la patience et la fidélité en dépit de tout sont des vertus nécessaires qu’il faut conserver malgré les difficultés si on veut rester de ces justes qui resplendiront comme le soleil.

Jean Gobeil SJ 

 

2021/07/26 – Mt 13, 11a.16-17

Les disciples viennent de demander à Jésus pourquoi il parle aux foules en paraboles. Jésus leur dit qu’ils sont heureux, eux, de connaître les mystères du Royaume en voyant et en entendant ce que les prophètes et les justes dans le passé attendaient.

Jésus s’est assis dans une barque pour enseigner la foule. Il leur parle en paraboles en commençant par la parabole du semeur. La parabole est un récit en image qui permet de caractériser une situation sans la dire explicitement. Et l’Aspet un peu mystérieux est ce qui interpelle délicatement l’auditeur et lui fait se demander où il se situe dans cette situation ou bien à quoi s’applique cette parabole.

Mais pour avoir accès au sens de la parabole, l’auditeur doit se sentir concerner : il doit accepter d’être interpeller sinon elle demeure un énigme. Pour comprendre la parabole, il faut être ouvert et disponible. C’est différent pour les disciples. Ils se sont déjà engagés à la suite de Jésus. Ils peuvent comprendre dans le sens d’accepter, car la parabole n’est pas simplement un message codé qu’il s’agit de traduire en une connaissance précise comme une pièce d’information. Elle peut toujours être approfondie et continue à nous questionner.

Les disciples étaient donc dans la situation idéale pour recevoir la parabole et pourtant ils n’ont pas épuisé le sens de la parabole du semeur. C’est pourquoi, tout de suite après notre texte, Jésus va leur donner une longue explication. Pour l’instant, Jésus les déclare bienheureux parce qu’ils ont déjà accès aux mystères du Royaume,  à la venue du Royaume tant espéré par les prophètes et les justes de L’Ancien Testament. Pour nous aussi, les paraboles sont là pour nous faire pénétrer plus loin dans les mystères du Royaume.

Ces justes dont parle Jésus étaient des modèles de fidélité et de confiance dans l’attente du Messie que Dieu avait promis. Le vieillard Syméon lors de la Présentation de Jésus au Temple en est un exemple : il était « juste et pieux ». Aussi la présence de Jésus lui fut elle révélée. Très tôt dans la chrétienté, il y eut une dévotion pour les parents de Marie, Anne et Joachim.  Ils étaient considérés comme ces justes qui avaient été suscités par Dieu pour préparer celle qui serait la Mère de Dieu.

Il y a 350 ans, sur la côte de Beaupré à une bonne distance de la Ville de Québec, on construisit le long du Fleuve où se trouvait tous les colons ce cette époque une chapelle en l’honneur de sainte Anne. Trois ans plus tard, on la remplaça par une église en « colombages et pierrotteries ». Quinze ans après, ont construisit une église en pierre qui servit pendant 200 ans jusqu’à ce qu’elle brûle et soit remplacée par ce qui est aujourd’hui la Basilique de Ste Anne de Beaupré. Elle représente un beau témoignage de foi de 350 ans dans la continuité du plan de Dieu.

Jean Gobeil SJ 

 

 

2021/07/24 – Mt 13, 24-30 [:].

Jésus propose à la foule la parabole de l’ivraie. Un homme a semé du blé dans son champ. Un ennemi, en cachette, sème à son tour de la mauvaise herbe (ivraïe). Quand le blé se met à pousser la mauvaise herbe apparaît. Les serviteurs voudraient aller l’arracher mais le maître ne veut pas pour ne pas endommager le bon grain. C’est au temps de la moisson que ce sera le moment de faire le triage et de jeter au feu la mauvaise herbe.

Cette parabole, comme la précédente, a été adressée à la foule. Mais pour Matthieu, ces deux paraboles viennent répondre à des questions de sa communauté, des questions qui continueront à être actuelles durant le temps de l’Église.

Les chrétiens sont persécutés: le temps des martyrs commence. Déjà du temps de Paul, comme lui-même en a été un exemple avant sa conversion, non seulement les Juifs rejetaient les chrétiens mais encore ils les poursuivaient. On essayait de les livrer à la loi romaine. Après la chute de Jérusalem, avec la disparition du temple, de la liturgie et des prêtres sadducéens, la recherche d’une identité
pour les Juifs se concentra sur la fidélité à la Loi telle qu’enseignée par les rabbins qui devinrent les successeurs des Pharisiens. L’opposition au christianisme devint plus violente. Peu à peu, l’état romain devint impliqué dans la poursuite des chrétiens et leur destruction. Pour les auteurs romains, quand le mot chrétien est employé, il est suivi de qualificatif comme la pire secte de l’univers. L’historien Tacite accuse Néron d’avoir pris comme boucs émissaires les chrétiens qui, pour lui, appartiennent à une détestable superstition et dont les abominations suscitent la haine de tous.

C’est tout le problème et le scandale de la présence du mal, de la haine et de l’oppression. On ne manque pas d’exemples pour montrer que c’est toujours un problème autour de nous.

La tentation est donc toujours présente de réagir comme Jacques et Jean devant le refus d’un village samaritain de les recevoir parce qu’ils se dirigeaient vers Jérusalem : Seigneur, veux tu que nous ordonnions au feu de descendre du ciel et de les consumer? (Luc,9,54) Luc ajoute que Jésus les réprimanda. Il a déclaré en une autre occasion que le Fils de l’homme n’était pas venu pour condamner mais pour sauver (Jean 3,17). Ce qui compte pour lui, c’est le monde qui peut être sauvé. Mais pour que le choix du salut soit vraiment libre il faut que ceux qui le refusent continuent à être présents.

Mais la présence du mal, sous n’importe quelle forme, peut être pour le juste une occasion de purification de la foi et de croissance dans la fidélité. Au prophète Habaquq qui proteste devant la prospérité des oppresseurs babyloniens Dieu ne blâme pas le prophète mais lui répond : Le juste vivra par sa fidélité. (Hab.2,4)

Et l’épître de Pierre rappelle aux chrétiens qui sont dans l’épreuve : Les épreuves du temps présent sont des occasions de purification de la foi. (1 Pi.1, 7)

Jean Gobeil SJ 

 

 

 

 

 

2021/07/24 – Mc 3, 31-35

Jésus est dans une maison où il y a beaucoup de monde. Sa mère et ses frères arrivent mais ils doivent rester dehors à cause de tous les gens assis autour de lui. Ils le font donc demander. On dit à Jésus: Ta mère et tes frères te cherchent. Jésus pose la question: Qui est ma mère? Qui sont mes frères? Il regarde autour de lui et dit: Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu, celui-là est mon frère, ma sœur, ma mère.

Cette façon vague de Marc de parler de la famille de Jésus sans nommer personne peut représenter la parenté de Jésus en général. Il en a été question un peu plus tôt. Juste avant l’épisode précédent des scribes qui attribuaient les pouvoirs de Jésus à Satan et qui étaient ainsi en opposition à la mission de Jésus, les siens avaient été mentionnés comme étant eux aussi en opposition à cette mission. Ils disaient de Jésus qu’il était-hors-de-lui-même, ce qui peut avoir voulu dire qu’il avait perdu la tête. Après tout, on devait savoir dans la famille que Jean Baptiste avait été arrêté et que ce n’était pas le temps d’attirer l’attention. Ils veulent se-saisir-de lui: c’est le même mot qui est employé pour les soldats qui vont arrêter Jésus au jardin des Oliviers (14,44.46). Il n’y a donc aucun doute que ce groupe, lui aussi, est en opposition à la mission de Jésus.

Ils sont maintenant arrivés à la maison où se trouve Jésus. Ils ne peuvent entrer à cause de tous ceux qui sont déjà là. Marc précise leur position qui est importante: ils sont assis en cercle autour de Jésus. Ce n’est pas la cohue d’une foule. C’est la position de ceux qui sont là pour écouter un rabbin, pour se faire instruire comme des disciples. Ce sera la position de Marie, la soeur de Lazare, qui écoutait la parole de Jésus, assise aux pieds du Seigneur (Luc 10,39) .

On transmet la demande à Jésus: Ta mère et tes frères sont là dehors qui te cherchent.

Jésus pose la question: Qui est ma mère? qui sont mes frères?

Et regardant-autour: Jésus a cette façon spéciale de regarder avant de faire une déclaration importante. Il regarde ceux qui sont assis comme des disciples comme s’il les regardait un par un. Et c’est alors qu’il leur déclare: Voici ma mère et mes frères. Celui qui fait la volonté de Dieu…
Sa vraie famille sont ceux qui écoutent la volonté de Dieu en l’écoutant. Il prend certainement une distance vis-à-vis de la parenté charnelle: cela ressemble même à une rupture avec ceux qui rejettent sa mission. Il rappelle où est la priorité. Ce rappel est important pour les auditeurs de Marc, les chrétiens de Rome, soumis à une persécution: leur appartenance à la communauté chrétienne les oblige parfois à une semblable rupture avec les liens du sang. C’est cette communauté qui est la vraie famille dont les membres s’appellent frères et soeurs.

Jean Gobeil SJ