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2021/07/22 – Jn 20, 1.11-18

Marie Madeleine est allée au tombeau, tôt le dimanche matin. Elle a découvert le tombeau ouvert et le corps de Jésus disparu. Après être allée avertir les disciples, elle est retournée au tombeau où elle pleure. Elle voit à l’intérieur du tombeau deux anges qui lui demandent pourquoi elle pleure. Elle répond: On a enlevé mon Seigneur et mon Maître. Dans le jardin, Jésus qu’elle ne reconnaît pas lui pose la même question. Elle lui dit: Si c’est toi qui l’as pris, dis-moi où tu l’as mis et j’irai le chercher. Jésus l’appelle par son nom et alors elle le reconnaît et lui dit en araméen: Rabbouni, Maître, un titre plus solennel que Rabbi. C’est sa profession de foi: elle a retrouvé son Maître. Elle reçoit du Christ la mission d’aller annoncer aux disciples, qui sont maintenant ses frères, l’Ascension qui vient, le retour au Père.

Marie de Magdala a une place importante dans les évangiles. Elle apparaît pour la première fois avec un groupe de femmes qui avaient été guéries de possessions ou de maladies et qui suivaient Jésus. On précise pour Madeleine qu’elle avait été libérée de sept démons ce qui peut signifier une maladie importante. Ces femmes suivaient Jésus et les Douze et les assistaient de leurs biens. (Luc 8,1-3). Des femmes qui suivaient un rabbin et ses disciples, ce n’était pas une chose régulière et elles ont dû accepter d’être marginalisées par rapport à leur milieu; comme les disciples, elles avaient accepté de quitter ou au moins de prendre une certaine distance vis-à-vis de leur milieu de vie.

Elles accompagneront Jésus pendant son ministère en Galilée et le suivront en Judée: elles seront présentes au Calvaire où elles sont mentionnées par les quatre évangélistes. A cette occasion, Marc, Matthieu et Jean mentionnent explicitement Madeleine. Ces femmes suivirent Joseph d’Arimatie qui allait déposer le corps de Jésus au sépulcre. Ensuite, elles allèrent préparer les aromates et les parfums pour compléter l’ensevelissement mais durent attendre vu que le sabbat commençait.

Après le sabbat, le dimanche matin, Madeleine retourne au tombeau et découvre qu’il est ouvert et vide. Elle va avertir les disciples et revient encore au tombeau. C’est là qu’elle pleure et qu’elle pense que le corps de Jésus a été enlevé. Elle est prête à aller le chercher. Elle est certainement pour l’évangile de Jean un modèle de disciple. Elle a une foi qui ne s’arrête pas avec la mort et c’est une foi aimante. C’est son amour qui lui fait reconnaître le Christ quand il prononce son nom et lui répond: Rabbouni. Elle a dû répéter bien souvent ce titre pour que l’évangéliste ait conservé ce mot araméen que ses auditeurs ne comprenaient pas. C’est le titre qui contient toute la foi, la fidélité et l’amour d’un vrai disciple.

En plus d’être la première à voir le Christ ressuscité elle est la première à recevoir une mission, le rôle d’un disciple.

Le texte du Cantique des cantiques qui précédait l’évangile, « J’ai trouvé celui que mon cœur aime, je l’ai saisi et ne le lâcherai point » (Ct 3,4a) illustre bien la profondeur de cette rencontre de Madeleine avec le Christ ressuscité : Celle qui a perdu celui que son cœur aimait se met activement à sa recherche. Quand finalement elle l’a trouvé, elle l’a saisi et ne le lâchera pas.

Jean Gobeil SJ 

2021/07/21 – Mt 13, 1-9

Jésus est auprès du lac. Une foule se rassemble pour l’écouter ce qui l’oblige à monter dans une barque pour leur parler. Il s’assit: c’est la position du maître qui enseigne. Sa coutume est de parler à la foule en paraboles. Il commence par la parabole du semeur. Les grains qui tombent le long de la route sont mangées par les oiseaux. Ceux qui tombent sur un sol pierreux sont brûles par le soleil parce qu’ils n’ont pas de racines. D’autres tombent dans les ronces et sont étouffés quand ils poussent. Ceux qui sont tombés dans de la bonne terre donnent du fruit à 100, ou 60 ou 30 pour un.

La parabole est un récit en image qui permet de caractériser une situation sans la dire explicitement. Et l’aspect un peu mystérieux est ce qui interpelle délicatement l’auditeur et lui fait se demander où il se situe dans cette situation ou bien à quoi s’applique cette parabole.

Mais pour avoir accès au sens de la parabole, l’auditeur doit se sentir concerné; il doit accepter d’être interpellé sinon elle demeure une énigme. Pour comprendre la parabole, il faut être ouvert et disponible. C’est différent pour les disciples. Ils se sont déjà engagés à la suite de Jésus. Ils peuvent comprendre, dans le sens d’accepter, car la parabole n’est pas simplement un message codé qu’il s’agit de traduire en une connaissance précise comme une pièce d’information. Elle peut toujours être approfondie et continue à nous questionner.

Jésus est le semeur et les grains sont la Parole du Royaume comme il l’expliquera plus tard à ses disciples. Les différentes difficultés représentent les divers types d’auditeurs.

Pour nous aussi, les paraboles sont là pour nous faire pénétrer plus loin dans les mystères du Royaume à condition d’accepter de reconnaître ce qui dans notre sol pourrait nuire à la croissance de cette Parole.

Jean Gobeil SJ

2021/07/20 – Mt 12, 46-50

Jésus parle à la foule lorsque surviennent sa mère et ses frères qui cherchent à lui parler. Quelqu’un avertit Jésus qui déclare en tendant la main (vers la foule) : Voici ma mère et mes frères. Et il explique: Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une soeur, une mère.

Une présentation au Temple, comme celle de Jésus et celle de Marie, est toujours le symbole d’une consécration à Dieu et un modèle pour toute consécration religieuse. La Présentation de Marie au Temple est un épisode qui ne se trouve pas dans les évangiles canoniques. Il provient d’un écrit en grec du 2e siècle, le Protévangile de Jacques. Mais ce n’est pas seulement cette tradition que l’Église célèbre: c’est en même temps le don que Marie, l’Immaculée, n’a cessé de faire d’elle-même à Dieu.

Le texte d’aujourd’hui parle de la mère et des frères de Jésus. Matthieu dit qu’ils cherchaient à le voir. Il omet poliment de dire pourquoi. Marc, lui, dit que les siens sont venus à Capharnaüm pour se saisir de lui car ils disaient: Il a perdu le sens.(Marc,3,21) En somme, le clan de Jésus a des difficultés avec la popularité de Jésus ou bien parce qu’ils ont peur des répercussions ou bien parce qu’ils partagent l’opinion des gens de Nazareth qui n’acceptent pas que Jésus ait une mission véritable.

Comme la foule les empêche de s’approcher, quelqu’un l’informe que sa mère et ses frères cherchent à lui parler et Jésus lui répond avec la question : Qui est ma mère et qui sont mes frères?

C’est une façon de demander quel est le lien le plus important pour lui. Est-ce que c’est le lien du sang ou bien autre chose?

Et la réponse est ce qui nous intéresse spécialement aujourd’hui parce qu’elle va révéler ce qui fait la véritable grandeur de Marie aux yeux de Jésus.

Celui qui fait la volonté de mon Père qui est aux cieux, celui-là est pour moi un frère, une soeur, une mère.

Ainsi, pour Jésus, le lien le plus fort est avec ceux qui font la volonté de Dieu. Le rôle de Marie est assurément très important: elle est la Theotokos, la Mère de Dieu. Pourtant, plus importante que sa maternité, est sa réponse à Dieu : Je suis la servante du Seigneur. (Luc 1,38) La présentation de Marie au temple symbolise cette réponse qui a été celle de toute sa vie.

Jean Gobeil SJ 

2021/07/19 – Mt 12, 38-42

Des scribes et des pharisiens demandent un signe à Jésus. Jésus répond que le seul signe qui sera donné sera celui de Jonas. Comme Jonas est resté trois jours dans le ventre du monstre, ainsi le Fils de l’homme restera trois jours et trois nuits dans le cœur de la terre. Suit une condamnation: les gens de Ninive qui se sont convertis en réponse à la parole de Jonas se lèveront pour condamner cette génération qui a plus que Jonas. De même la reine de Saba qui a fait un long voyage pour entendre les paroles de Salomon condamnera cette génération qui a ici plus que Salomon.

Jésus a eu pitié de la foule parce qu’ils étaient comme des brebis sans pasteur. Ensuite il a invité ceux qui peinaient et ployaient sous le fardeau à venir prendre son joug à lui. Ce qui suit sont des illustrations du ce fardeau que leur imposent des mauvais pasteurs qui s’attachent à l’observance de la lettre de la Loi plutôt qu’à une réponse à Dieu.

Il y a d’abord l’exemple des pharisiens qui accusent les disciples de violer le sabbat en prenant des poignées de blé parce qu’ils ont faim: moissonner est interdit.

Ensuite ils essaient de compromettre Jésus en utilisant les lois sur le sabbat. Ils lui posent la question: Est-il permis de donner des soins le jour du sabbat? C’était défendu sauf si c’était un cas de danger de mort. Jésus leur répond que les gens savent faire des exceptions aux lois officielles et qu’eux-mêmes iraient sortir leur animal d’un trou le jour du sabbat. C’est à la suite de cela que les pharisiens commencent à comploter pour perdre Jésus.

Mais les pharisiens ne savent plus très bien comment attaquer Jésus. Jésus guérit un possédé. Il essaient de répandre la rumeur qu’il réussit cela par le pouvoir de Satan, Béelzéboul. En d’autres mots, c’est un cas de sorcellerie. Jésus montre qu’ils ont perdu toute logique: comment Satan aiderait-il quelqu’un qui attaque son pouvoir?

Et on arrive au signe de Jonas. Au lieu d’attaquer, ils demandent à Jésus de leur faire voir une preuve. Ils sont bien polis: ils l’appellent Maître (non pas dans le sens de Seigneur mais dans le sens de Maître qui enseigne). La croyance populaire était que le Messie ferait des signes dans le ciel, des prodiges. C’est ce qu’ils demandent à Jésus: un prodige spectaculaire qui leur éviterait l’obligation de croire.

Mais les signes que Jésus fait ne sont pas des prodiges, ni des preuves. Ils interpellent et demandent de la foi pour y répondre. Le signe par excellence est sa parole et sa personne-même. Le signe pour les gens de Ninive à qui Jonas annonçait la punition pour leurs fautes a été simplement la parole de Jonas. C’est à cause de cette parole qu’ils ont fait pénitence et ont été sauvés. De même la reine de Saba n’avait vu aucun prodige. Mais elle avait entendu parler de la sagesse de Salomon. Son désir de sagesse a été le signe qui lui a fait entreprendre un long voyage pour aller entendre Salomon. Or, déclare Jésus, il y a ici plus que la parole de Jonas et plus que la personne de Salomon. Ils n’auront pas d’autre signe que celui-là.

Jean Gobeil SJ 

 

 

 

 

 

 

2021/07/17 – Mt 12, 14-21

Les Pharisiens complotent pour faire périr Jésus. Celui-ci le sait et, au lieu de poursuivre les controverses avec eux, il quitte l’endroit pour continuer sa mission. La foule continue à le suivre. Il fait de nombreuses guérisons mais défend vivement qu’on fasse de la publicité. L’évangéliste voit dans la façon d’agir du Christ la réalisation du texte d’Isaïe sur le serviteur de Yahvé.

Ce qui vient d’arriver a durci l’opposition des Pharisiens. Jésus s’est révélé comme l’interprète de la loi du Sabbat. Il a déclaré, dans l’épisode des disciples qui arrachaient des épis le jour du sabbat, que le Fils de l’homme était le maître du sabbat. Puis le même jour dans la synagogue, il a guéri un malade qui n’était pas en danger de mort et qui par conséquent ne devait pas être soigné le jour du sabbat. Il avait montré ainsi que la loi du sabbat n’était pas absolue et que la charité passait avant cette loi. Les Pharisiens ne peuvent lui pardonner d’interpréter ainsi la loi de Dieu comme quelqu’un qui connaît personnellement la volonté de Dieu.

Tout ceci touche donc à l’identité de la personne de Jésus: qui est-il donc? Matthieu en profite pour donner une réponse: il est celui qui réalise la prophétie d’Isaïe dans ce qu’on appelle le premier chant du serviteur.

Dieu révèle qu’il choisira quelqu’un pour être son serviteur. Celui-ci connaîtra la volonté de Dieu et lui sera fidèle; c’est pour cette raison que Dieu l’aimera et qu’il fera la joie de Dieu. Dieu lui donnera son Esprit: c’est lui qui lui permet de connaître Dieu et d’être fidèle à sa mission, qui, trait très important, sera de faire connaître Dieu aux nations. Il aura donc une mission universelle et non pas seulement pour Israël. Ce personnage, choisi par Dieu, aimé de Dieu, ayant l’Esprit pour remplir une mission universelle est donc une figure messianique. Quelle sorte de Messie?

Il sera un Messie qui ne protestera pas, ne criera pas. C’est exactement ce que Jésus vient de faire à Capharnaüm. Devant l’opposition des Pharisiens, il s’est retiré pour aller vers ceux qui étaient prêts à l’écouter. Il ne sera donc pas un Messie dominateur et fracassant. Il n’éteindra pas la mèche qui faiblit. Il viendra pour ceux que la Bible appelait les anawim, les humbles, les petits, les pauvres qui savent qu’ils ont besoin de Dieu.

C’est la christologie de Matthieu, ce qu’il a vu dans la personne de Jésus. Il est le Messie qui n’est pas venu pour écraser ce qui est faible. A la mèche qui faiblit, il apporte la lumière et la force.

Jésus avait déjà dit qu’il était doux et humble de coeur. C’est pour cela qu’il appelait ceux qui connaissaient leur faiblesse : Venez à moi, vous tous qui peinez et ployez sous le fardeau, Et moi je vous soulagerai. (Matthieu 11,28-29)

Jean Gobeil SJ

 

 

 

 

2021/07/16 – Mt 12, 1-8

Un jour de sabbat, Jésus marche avec ses disciples à travers un champ de blé. Les disciples qui ont faim arrachent des épis et les mangent. Des pharisiens reprochent à Jésus de laisser ses disciples violer le sabbat. Jésus répond d’abord avec l’exemple de David qui s’arrête un jour avec ses compagnons dans un sanctuaire. Comme il n’y a rien d’autre à manger, ils prennent les pains de l’offrande qui sont consommés uniquement par les prêtres. Il ajoute une seconde exception à la Loi avec le travail des prêtres le jour du sabbat. Or, suggère-t-il, avec sa présence il y a ici plus grand que le temple. Il finit avec une citation d’Osée (6,6) dont ils auraient dû tenir compte: C’est la miséricorde que je veux et non les sacrifices.

On voit le raisonnement des pharisiens: arracher des épis, c’est la même chose que moissonner, et moissonner est interdit le jour du sabbat, d’où, la condamnation. Mais on voit aussi que la Loi n’est plus une réponse à Dieu. L’esprit de la Loi n’est plus là. Il ne reste que l’absolu de la lettre de la Loi et l’homme n’est plus soumis à Dieu: il est soumis à la Loi. Un rabbin qui est cité par le Talmud avait bien compris cela quand il disait: Dieu n’a pas donné l’homme au sabbat mais il a donné le sabbat à l’homme. Autrement, le sabbat ou la Loi remplace Dieu et devient une idole et la lettre de la Loi devient un absolu. Or, Paul, qui parle par expérience, dit que le lettre tue et c’est l’Esprit qui vivifie (2 Cor 3,6).

L’esprit de la Loi, c’était la miséricorde comme l’avait rappelé le prophète Osée parce que l’esprit de l’Alliance, c’était l’amour de Dieu qui demandait une réponse d’amour.

Dans sa deuxième réponse, Jésus suggère que ses disciples peuvent jouir de l’exemption de la Loi comme les prêtres dans le temple, parce que lui-même est plus grand que le temple. Pour dire une pareille chose, il faut que Jésus ait une relation unique avec le Père à qui le temple appartient. Les ennemis de Jésus s’en souviendront et lors de son procès, les accusations tourneront autour de ce qu’il a dit sur le temple.

La conclusion de Jésus, Le Fils de l’homme est maître du sabbat, place sa personne au-dessus de la Loi et dans une relation unique avec Dieu. Plus grand que le temple et maître du sabbat sont des affirmations qui rejoignent le plus profond du mystère du Christ. Elles sont importantes et doivent être gardées à côté de son affirmation à pouvoir pardonner le péché ( Matthieu 9,6) et à posséder une connaissance unique du Père (Matthieu 11,27). Ces affirmations constituent les meilleures réponses à la question: Qui est cet homme?

Jean Gobeil SJ 

2021/07/15 – Mt 11, 28-30

Venez à moi, moi, vous tous qui peinez sous le poids du fardeau et moi, je vous procurerai le repos. Prenez sur vous mon joug, devenez mes disciples, car je suis doux et humble de coeur, et vous trouverez le repos. Oui, mon joug est facile à porter et mon fardeau, léger.

Le joug de la Loi est une expression connue dans l’Ancien Testament pour exprimer l’obligation de la Loi. La figure n’est pas nécessairement péjorative. Il suffit de relire l’Éloge de la Loi que fait le psaume 119 qui parle des commandements comme d’une source de délices (verset 47), ou comme une expression de l’amour de Dieu : De ton amour, Yahvé, la terre est pleine, apprends-moi tes volontés. (verset 64) ou comme encore d’une expression de la sollicitude de Dieu : Une lampe sur mes pas, ta parole, une lumière sur ma route. (verset 105)

Mais quand Jésus parle d’un fardeau qui accable, il vise d’abord le fardeau imposé par les interprétations des Pharisiens qui font de la Loi une question d’exactitude méticuleuse et de comptabilité minutieuse à assurer à tout prix. C’est ce qu’illustreront les épisodes qui suivent notre texte.

Le joug que Jésus offre évoque l’engagement dans la Nouvelle Alliance, l’entrée dans le Royaume. Il n’est pas un joug de domination puisqu’il ajoute : Car je suis doux et humble de cœur, ce qui est la définition des Pauvres ou des Petits de Yahvé dans l’Ancien Testament.

Mais le fardeau peut avoir un sens plus général: le fardeau de la misère humaine. Un peu plus tôt, Matthieu disait de Jésus qui venait de parcourir villes et villages : A la vue des foules, il en eut pitié, car ces gens étaient las et prostrés comme des brebis qui n’ont pas de pasteur. (Matthieu 9,36) Le joug qui est le sien est donc une réponse à cette misère et un appel à venir recevoir la Vie.

Jean Gobeil SJ

 

2021/07/14 – Mt 11, 25-27

Le Christ adresse une prière au Père. C’est une prière de louange commençant et se terminant par le mot Père. L’objet de la louange est le bon vouloir du Père, c’est-à-dire son oeuvre et son action. Ce que le Père fait est de révéler aux petits le mystère du Royaume que les sages et les savants ne peuvent percer. Le Christ, lui, est le Fils à qui tout a été confié par le Père et qui seul a la connaissance véritable du Père. C’est par lui, seul, que se fait la révélation du Père.

C’est un texte très dense dans lequel le Christ révèle son identité profonde, son intimité avec le Père.

Le Père.

Le mot Père commence la prière et revient à la fin. C’est probablement le mot Abba, un terme d’intimité qui a frappé les disciples puisque Marc l’emploie dans la prière de l’agonie pour un auditoire qui ne connaît pas l’araméen (Marc 14,36) et, avant lui, Paul l’emploie dans l’épître aux Galates et plus tard dans l’épître aux Romains, comme expression de la relation exceptionnelle que crée l’Esprit dans les disciples. C’est un terme de familiarité et d’intimité que personne, avant Jésus, n’aurait osé employer en s’adressant à Dieu.

Le mystère caché.

Ce qui était caché pour les sages et les savants, les experts comme les scribes et les docteurs de la Loi, a été révélé aux petits, ce qui désigne ordinairement les disciples, à qui Jésus dira:

A vous il a été donné de connaître le mystère du Royaume des cieux. (Matthieu 13,11)

En d’autres mots, les gens simples ont vu en Jésus le révélateur de Dieu. Ils ont été capables de se mettre à l’écoute de sa parole et de reconnaître dans ses gestes la présence de Dieu. C’est cela l’œuvre du Père, son bon vouloir.

Le révélateur de Dieu.

Nul ne connaît le Père si ce n’est le Fils. Cette connaissance unique du Père révèle deux choses. Elle révèle d’abord la conscience claire que Jésus avait de sa filiation divine. Relié à cette filiation divine, découle le fait qu’il est le révélateur unique du Père. C’est seulement par lui qu’on a accès au Père.

Jean Gobeil SJ 

2021/07/13 – Mt 11, 20-24

Jésus déclare malheureuses des villes où il a fait des miracles qui auraient dû servir de signes pour inviter à la conversion. Les trois villes mentionnées sont près du lac de Gennésareth et Capharnaüm, sa ville, est mentionnée parmi elles. Elles sont mises en comparaison avec trois villes païennes qui auraient fait beaucoup mieux si elles avaient eu la chance de voir ces miracles.

Jésus vient de parler de cette génération, c’est-à-dire ceux qui le rejettent après avoir rejeté Jean Baptiste. Jean Baptiste était un ascète vivant dans le désert et il avait un message sévère: on l’a rejeté en prétextant qu’il était possédé du démon. Jésus a un message qui est une Bonne Nouvelle: la venue du Royaume de Dieu signifie que le salut des pécheurs est arrivé. Jésus va aux pécheurs et même mange avec eux. On le rejette en prétextant qu’il est un glouton.

Jésus maintenant donne des exemples concrets de cette génération.

Les prophètes avaient coutume de proférer des malédictions contre les villes ennemies d’Israël. Jésus emploie le même style mais c’est pour trois villes près du lac de Gennésareth: Corazin, Bethsaïde et Capharnaüm qui était pourtant le centre du ministère de Jésus. Elles sont blâmées de n’avoir pas commencé leur conversion à la suite de tous les miracles que Jésus avait faits chez elles.

On voit le sens que Jésus donnait aux miracles. Ils sont des signes d’une présence et d’une intention de Dieu. Ils demandent une réponse.

Jésus met en contraste avec les trois villes d’Israël trois villes païennes: deux villes du Liban, Tyr et Sidon, et Sodome qui, dans l’Ancien Testament, représente une ville complètement dégénérée. Jésus déclare que si ces villes avaient eu la chance de voir les mêmes miracles que ces villes d’Israël, elles auraient donné des signes de conversion depuis longtemps.

Cette appréciation de villes païennes fait penser à l’épisode du centurion, un non-juif, qui avait dit à Jésus qu’il pouvait guérir son serviteur simplement en l’ordonnant. Jésus avait loué sa foi:
En vérité, je vous le dis, chez personne je n’ai trouvé une telle foi en Israël. (Matthieu 8,10)

C’est une suggestion qu’en tant que Messie d’Israël pour le présent, Jésus n’exclut pas un intérêt et des perspectives au-delà d’Israël. L’épisode du centurion (Mt. 8, 10-11) suggérait explicitement que ceux qui n’avaient pas répondu au message de Jésus alors qu’ils avaient sous les yeux les signes qu’il donnait seraient remplacés par d’autres.

Mais il y a aussi un avertissement pour ceux qui ont reçu la Bonne Nouvelle, les auditeurs de l’évangile de Matthieu. Ils ont reçu d’avantage. Ils ont donc une plus grande responsabilité de répondre à ce qu’ils ont reçu.

Jean Gobeil SJ 

2021/07/12 – Mt 10,34-11, 1

Jésus déclare qu’il n’est pas venu apporter la paix sur la terre mais que sa venue est comme un glaive qui fait des divisions parfois douloureuses. Ces divisions pourront arriver même à l’intérieur de sa propre maison, c’est-à-dire à l’intérieur de sa famille. Celui qui aime son père ou sa mère plus que moi n’est pas digne de moi. Qui vous accueille m’accueille moi et Celui qui m’a envoyé. Qui accueille un prophète en sa qualité de prophète recevra une récompense de prophète; qui accueille un homme juste en sa qualité d’homme juste recevra une récompense d’homme juste. Et celui qui donnera à boire à un de ces petits, en sa qualité de disciple ne perdra pas sa récompense. Et Jésus partit de là pour enseigner et prêcher dans les villes du pays.

C’est la fin du discours missionnaire et l’évangéliste vise tout disciple. Jésus commence par dire qu’il n’est pas venu apporter la paix et pourtant il dit ailleurs : Je vous laisse la paix; c’est ma paix que je vous donne. Je ne vous la donne pas comme le monde la donne. (Jean 14,27)

Il y a donc deux sortes de paix. La paix dans le sens ordinaire du mot, la paix que le monde donne, consiste dans la tranquillité, l’absence d’ennemis, l’absence d’opposition. Ce que Jésus apporte est une offre, qui peut être rejetée. La conséquence est une opposition, une division. Mais le but de Jésus est d’offrir sa paix, la félicité, le vrai bonheur d’être dans une relation d’alliance avec Dieu, une alliance qui nous fait membres de sa maison. La phrase reflète la phrase de Jésus en araméen qui, comme l’hébreu, ne fait pas la différence entre le but, la fin d’une action et les effets ou la conséquence de cette action qui ne coïncide pas nécessairement avec le but qu’on poursuit.

Celui qui aime son père plus que moi… n’est pas digne de moi, dit Jésus. Le mot pour amour, ici, n’est pas le même que celui qui traduit l’amour de Dieu ou l’amour du prochain. On peut donner un équivalent en disant: Celui qui est attaché à son père plus qu’à moi… On comprend que dans une famille païenne, alors qu’un membre devient disciple du Christ et que le reste de la famille continue à vénérer des dieux protecteurs et à offrir des sacrifices, il peut y avoir des tiraillements douloureux. Dans cette situation, rester fidèle équivaut à prendre sa croix, à perdre sa vie mais c’est la seule façon de conserver sa vie authentique.

Finalement il y a le développement sur l’accueil de ceux qui sont envoyés par Dieu. Il y a d’abord la parole importante: Qui vous accueille m’accueille… Il y a une étroite proximité entre le Christ et ses envoyés. Suit une série d’accueils qui marque une progression dans la présence du Christ. Accueillir un envoyé en tant que prophète, accueillir un envoyé en tant qu’homme juste, et finalement accueillir un envoyé en sa qualité de disciple. C’est pour ce dernier accueil que la phrase, Qui vous accueille m’accueille, prend toute sa force. Ceux qui sont ainsi accueillis sont appelés des petits, qui n’ont pas le prestige d’être prophètes ou hommes sages: ils sont simplement disciples du Christ. En bref, tout chrétien porte la présence du Christ pour ceux qui l’accueillent comme disciple du Christ.

Jean Gobeil SJ