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2021/06/05 – Mc 12, 38-44

Juste auparavant, Jésus a dénoncé la faiblesse de l’enseignement des docteurs de la loi. Maintenant, il condamne leur manière de se conduire et il la met en contraste avec la générosité d’une pauvre veuve.

De longues études dans les écoles rabbiniques étaient exigées pour être reconnus docteurs de la loi. Le scribe était fier de cette reconnaissance, qui lui attirait l’admiration du peuple. Jésus, au contraire, n’avait jamais étudié dans les écoles officielles. D’où la méfiance et même le mépris que ressentaient les scribes à l’égard de ce prétendant, qui n’avait que lui-même pour se recommander et qui, d’ailleurs, venait de la Galilée, cette région méprisée du nord.

Le présent passage rapporte le dernier conflit entre Jésus et les scribes. Jésus a revendiqué, tout au long de son ministère, les droits de la liberté humaine, dénonçant les minuties contraignantes des docteurs de la loi. Ici, Jésus ne dénonce plus leur enseignement, mais leur manière de se conduire..

L’habillement luxueux rehausse la prestance d’une personne. Mais cette apparence extérieure peut masquer le vide intérieur. Une scène du film sur François d’Assise correspond à la dénonciation par Jésus du luxe ostentatoire des docteurs de la loi. Le groupe de François et de ses compagnons, debout en haillons, comparaissent devant la cour pontificale, composée du pape et des cardinaux siégeant sur une haute estrade, dans des tenues resplendissantes. Un contraste flagrant oppose les deux groupes, chez qui le coeur, l’intérieur, contredit l’apparence.
Non seulement les scribes accueillent avec satisfaction les marques de respect, mais ils les recherchent dans les synagogues et dans les dîners. Telle est la tentation de tout groupe riche et dont le rang lui assure respect et considération. Les privilèges sont toujours une occasion de tentation. Pourquoi certains membres du clergé ou des religieux avaient-ils autrefois le privilège de passer avant les autres, qui attendaient, dans des services publics ?

Jésus va jusqu’à condamner les scribes qui exploitent les pauvres, en particulier les veuves. Celles-ci sont traditionnellement considérées, avec les étrangers et les orphelins, comme des personnes démunies. Une veuve, dans le monde ancien, est ordinairement seule, sans le soutien d’un père ou d’un mari.

On a toujours été révolté par les manigances de Tartuffe, dans la comédie de Molière, dont le nom a passé dans le langage courant pour dénoncer l’hypocrisie aux apparences religieuses. Le vieux dicton dit bien : « Le meilleur devient le pire. »

Pour être juste, il faut nuancer cette condamnation générale des scribes. Des documents historiques montrent que de nombreux scribes étaient pauvres et qu’ils offraient gratuitement leurs services au peuple. Ils vivaient des dons provenant de gens souvent démunis, en particulier des veuves.

Jésus recourt souvent à l’accusation d’hypocrisie. Pourquoi ? Parce que cette division entre l’extérieur et l’intérieur, entre ce qu’on veut montrer de soi-même et ce que l’on est vraiment, entre son masque et son cœur, est fréquente dans le monde et tellement destructrice. Toute division provoque peu à peu la ruine d’une personne.

Dans son appréciation des dons offerts au temple, Jésus distingue les apparences de l’intérieur chez les riches et chez la veuve. Extérieurement et financièrement, les premiers ont donné de « grosses sommes », avec lesquelles les deux sous de la veuve ne peuvent se comparer. Deux récipients en forme de trompettes renversées, étaient placées à l’entrée du temple pour recevoir les aumônes. Les dons, tous en métal, résonnaient dans ces récipients en cuivre. Les « grosses sommes » des riches attiraient l’attention, tandis que les deux cents de la veuve ont passé inaperçus.

Mais Jésus ne juge pas la générosité des uns et de l’autre d’après le montant de l’aumône. Les riches ont pu donner par ostentation. Pour Jésus, la valeur d’un geste se mesure au degré d’amour et de don de soi qui l’anime. Il nous rappelle que « l’essentiel est invisible. » La veuve a sacrifié ce qu’elle avait pour vivre, alors que les riches ont donné de leur superflu. Le Seigneur le rappelle à Samuel, qui a mission de découvrir le futur roi d’Israël : « Dieu ne regarde pas les apparences, mais le cœur. » (1 Sam 16,7)

Jésus nous enseigne le chemin de la vie et du bonheur. Pour être heureux, il faut réaliser l’unité dans notre personne entre l’extérieur et l’intérieur, entre nos paroles, nos actions et notre cœur. Il faut bannir toute forme d’hypocrisie ! Enseigner l’idéal de l’Évangile devient un défi énorme pour tout chrétien et, tout particulièrement, pour ceux qui ont la mission officielle de proclamer la Bonne Nouvelle. Est-ce une proclamation des lèvres seulement, ou un idéal vécu qui interpelle ?
Aux yeux de Dieu, la charge d’amour dans nos actions est tout ce qui compte, seulement cela a de la valeur. Une mère apprécie le geste de son enfant qui lui offre une fleur. Cette fleur, en elle-même n’a peut-être aucune valeur, mais elle est embaumée par l’amour de l’enfant.

Jean-Louis D’Aragon SJ 

2021/06/04 – Mc 12, 35-37

À la suite d’une série de controverses avec différents groupes juifs, Jésus rencontre enfin un scribe sympathique. Au terme de cette conversation avec le docteur de la Loi, celui-ci fait l’éloge de Jésus et de la sagesse qu’il a manifestée. En conclusion, l’évangéliste note que « personne n’osait plus interroger » Jésus.

Après cette série de questions qu’on lui a posées, Jésus passe à l’attaque et démontre la faiblesse de l’enseignement proposé par les scribes. Le but immédiat de Jésus est de discréditer, aux yeux du peuple, les docteurs de la Loi, qui ne peuvent répondre à la difficulté qu’il leur propose. Plus profondément, Jésus fait surgir la question sous-jacente tout au long de l’Évangile de Marc: « Qui est cet homme ». Au-delà des apparences, qui est-il vraiment, quel est le coeur de sa personnalité, d’où vient-il ?

Le Messie (en hébreu) ou Christ (en grec) signifie celui qui a reçu l’onction de Dieu, à qui il appartient et qui le représente. Le Messie était bien plus qu’un prophète, celui qui, mandaté par Dieu parlait et agissait en son nom. Le Christ, l’Oint du Seigneur, devait incarner son intervention suprême, finale et définitive, pour conduire à son sommet l’histoire de son peuple. Après cet Envoyé ultime pour le salut de ses fidèles, Dieu avait tout dit et tout fait ; on ne devait plus en attendre un autre.

Il est normal d’imaginer un personnage qui viendra nous libérer sous les traits d’un héros du passé, tout en espérant qu’il le dépasse. Notre imagination ne peut s’inspirer que des expériences que nous avons déjà vécues. Moïse était la figure en qui se concentrait la naissance merveilleuse du peuple élu. David, plus tard, avait réalisé l’unité des tribus du nord et du sud, tout en les sauvant de tous les ennemis qui les entouraient. Son règne illustre demeurait dans la mémoire du peuple comme le sommet atteint par leur nation. Fidèle à cette longue tradition, l’État d’Israël a choisi, de nos jours, l’Étoile de David pour son drapeau, comme signe distinctif.

Inspiré par les promesses des prophètes, le peuple juif se représentait le Messie sous les traits de David, dont il serait le descendant. Jésus se base sur cette espérance pour poser une question à propos de ce « Fils de David. » La citation que Jésus met en relief, pour en demander l’explication aux scribes, provient du psaume 110,1, qu’on attribuait traditionnellement au roi David : « Le Seigneur (Dieu) a dit à mon Seigneur (le Messie) ». Selon les coutumes orientales et juives, jamais un père n’aurait honoré son fils par le titre de « Seigneur », à moins qu’il soit d’origine mystérieuse ou divine.

Tout ce qui concerne le Messie, cette figure centrale de l’espérance en Israël, est fondamental. Si les scribes ne peuvent répondre à la difficulté que leur pose Jésus au sujet de la filiation davidique du Messie, ils sont incompétents. Ils prétendent pourtant être le magistère en Israël et veulent régenter le peuple élu. Celui-ci ne doit pas écouter ces docteurs, qui se prétendent des maîtres. S’ils étaient lucides, ils devraient percevoir dans la personne de Jésus une dimension mystérieuse, qui relève de sa filiation à l’égard de Dieu.

Au-delà de son auditoire immédiat, le Christ exhorte ses disciples de toutes les époques d’être prudents à l’égard des faux prophètes, des prétendus gourous, dans le genre des scribes, qui veulent exercer leur influence sur les gens et diriger leur existence.

La personne du Christ Jésus a déconcerté ses contemporains, mais leur étonnement n’était pas la foi. Il ne suffit pas, de nos jours, d’admirer Jésus comme un grand personnage de l’histoire. Toutes les recherches purement humaines pour percer l’énigme de sa personne se perdent dans le brouillard. Seuls ceux qui croient au mystère du Christ, dans son union unique avec Dieu, et qui engagent leur personne à la suite de leur Seigneur, peuvent comprendre. « Crois pour comprendre », répétait saint Augustin.

Jean-Louis D’Aragon SJ

2021/06/03 – Mc12, 28b-34

Après la rencontre polémique de Jésus avec les Pharisiens et les Hérodiens, sur le paiement du tribu à César, et la controverse avec les Sadducéens, sur la résurrection, le climat change et devient plus serein. Le docteur de la loi qui interroge Jésus a été bien impressionné par la réponse du Christ aux Sadducéens (12,24-27) et il se montre disposé à entendre Jésus.

Mais sa question surprend de la part d’un spécialiste des Écritures, car il devait en connaître la réponse. Cependant, la multiplication des préceptes entraînait les rabbins de cette époque à discuter indéfiniment sur l’importance relative de ces nombreuses lois. Ils en avaient recensé 613, correspondant aux 365 jours de l’année et les 248 parties formant l’ossature du corps humain. Le juif pieux se plaçait donc tout entier, chaque jour de l’année, sous la volonté de Dieu exprimée dans la Loi.

Cet ensemble de 613 commandements s’est transmis jusqu’à nos jours dans le Judaïsme. Établir une hiérarchie entre tous ces commandements préoccupait à juste titre les écoles juives de l’époque. On comprend qu’un discernement s’imposait pour ne pas verser dans une morale écrasante et compliquée.

La question du docteur de la Loi peut avoir une double signification : ou bien le scribe cherche à distinguer, comme les autres rabbins, entre les grands et les petits commandements ; ou plutôt, il voulait connaître le principe central et suprême d’où toutes les lois découlaient.

La réponse de Jésus s’inspire de la prière quotidienne chez les Juifs, « Schema, Israël,… »: « Écoute, Israël, le Seigneur est unique… » Pourquoi adorer un seul Dieu, alors que les nations païennes autour d’Israël avaient toujours vénéré de nombreux dieux et déesses? Si on adore plusieurs divinités, on s’identifie d’une certaine manière à chacun et à chacune d’entre eux ou elles. Par l’adoration, on devient peu à peu l’objet qu’on vénère, on s’identifie à ce qu’on adore. Si notre vénération et notre amour se dispersent sur plusieurs divinités, nous nous divisons nous-mêmes et nous glissons vers notre propre destruction. L’adoration et la confiance au Dieu unique assurent notre unité, notre vie, notre bonheur et l’épanouissement de notre personne.

« Aimer le Seigneur de tout ton cœur, de toute ton âme,… » signifie qu’on ne peut aimer avec un cœur partagé, comme les païens. L’amour profond est nécessairement exclusif de tout autre amour. Toutes les aspirations de son être s’orientent vers l’unique Personne qu’on aime. Le croyant qui aime fidèlement de cette manière réalise l’unité de sa personne et parvient à la paix.

Jésus n’offre pas une pensée originale en mentionnant le précepte d’aimer son prochain. Le Livre du Lévitique (19,18) prescrivait déjà : « Tu aimeras ton prochain comme toi-même : je suis le Seigneur. » Restait la question disputée : qui est mon prochain ? Jésus donnera une réponse claire à cette question dans la parabole du « Bon Samaritain. » (Luc 10,25-28).

Ce qui est nouveau de la part de Jésus, c’est de joindre les deux commandements en un seul : il n’y a qu’un seul amour, celui de Dieu qui s’étend au prochain. L’amour reçu de Dieu et tout don découlant de cet amour doit être partagé avec le prochain. Autrement dit, Dieu est présent dans le prochain, quel qu’il soit, parce qu’il a été créé à l’image et ressemblance de Dieu. Il porte en lui un reflet de son Créateur (Gen 1,26s).

Le scribe exprime avec insistance son plein accord avec Jésus. Il complète même la réponse du Christ, en comparant l’amour de Dieu et du prochain aux holocaustes et aux sacrifices. En effet, ces offrandes louables sont extérieures à la personne humaine et n’engagent pas nécessairement son coeur. C’est son amour qui est l’essentiel, parce qu’il anime le cœur du croyant et qu’il donne vie et valeur à toutes ses actions. Le scribe rejoint ainsi les prophètes qui avaient dénoncé si souvent les sacrifices sans amour et sans don de soi-même, des sacrifices purement matériels, exprimant un formalisme sans âme.

En louant le scribe, Jésus lui dit qu’il n’est pas loin du Royaume de Dieu. Que lui manque-t-il pour entrer dans le Royaume ? Il lui manque de croire en Jésus, l’Envoyé de Dieu, et de le suivre comme son disciple.

Jean-Louis D’Aragon SJ

2021/06/02 – Mc 12, 18-27

Des Sadducéens viennent questionner Jésus. Pour montrer que la résurrection est absurde, il présente un cas de l’application de la loi du lévirat. Pour assurer une succession à son mari défunt, la veuve doit selon cette loi épouser son beau-frère. Ce dernier meurt à son tour sans avoir procuré une descendance au premier mari et un autre frère doit assurer cette descendance. L’histoire se répète six fois si bien que la femme a été l’épouse de sept frères. La question finale est: de qui sera-t-elle l’épouse lors de la résurrection. La réponse de Jésus est double. D’abord il les accuse d’ignorer la puissance de Dieu: la vie de la résurrection n’est pas une copie de la vie terrestre. On n’a plus besoin de mariage. Il les accuse ensuite d’ignorer les Ecritures qu’ils sont supposés connaître. Il cite un passage du livre de l’Exode (3,1-6) où Dieu dit qu’il est le Dieu d’Abraham, le Dieu d’Isaac et le Dieu de Jacob. Jésus conclut implicitement qu’il doit y avoir une résurrection puisque Dieu, dit-il, n’est pas le Dieu des morts mais le Dieu des vivants.

Les Sadducéens sont un parti religieux qui est constitué en grande partie par l’élite sacerdotale qui est en charge du temple et du culte. Cette élite est héréditaire. En font partie aussi des notables de Jérusalem reliés à l’opération du temple et probablement assez riches. Donc, pour plus d’une raison, les Sadducéens tiennent-ils à conserver les choses telles qu’elles sont. Ils sont toujours prêts à pactiser avec les gouverneurs romains et réagissent violemment à toute atteinte au prestige du temple. Il semble bien qu’ils seront les seuls au procès religieux de Jésus.

Ici, leur façon de se présenter à Jésus en lui donnant le titre de Maître comme s’ils venaient pour une consultation légale n’est qu’une façade à cause de la foule et le caractère très hypothétique de leur problème cache une opposition beaucoup plus sérieuse.. C’est pour cette raison que Jésus les traite d’hypocrites.

La croyance en la résurrection au temps de Jésus se basait sur les textes de Daniel (12,2) et du second livre des Maccabées. (2 Mac 7,1-23). Les Pharisiens l’acceptaient mais non les Sadducéens qui tenaient pour normatifs seulement les cinq livres de Moïse et excluaient les écrits des prophètes et les écrits de la Sagesse.

La réponse de Jésus peut sembler prouver une survie mais pas nécessairement une résurrection. Ainsi, pour nous, Dieu n’est pas le Dieu des morts peut signifier qu’il n’est pas le Dieu de ce qui n’existe pas mais il est certainement le Dieu des âmes des justes. Mais c’est différent si on se place dans le contexte hébraïque pour qui l’être humain n’est pas fait de différentes parties, matérielle et spirituelle: il est un tout complet, une personne. Et on ne peut concevoir une survie qui ne serait pas la survie de toute la personne: c’est toute la personne qui va avoir accès à une vie nouvelle.

Mais la phrase: Dieu, le Dieu d’Abraham, d’Isaac et de Jacob, n’est pas le Dieu des morts mais des vivants, garde toute sa beauté et fera dire à saint Irénée (dans son Traité contre les hérétiques) : La gloire de Dieu c’est l’homme complètement vivant.

Jean Gobeil SJ

2021/06/01 – Mc 12, 13-17

Des pharisiens et des hérodiens sont envoyés à Jésus dans le but de le faire parler pour le compromettre. Ils l’abordent en l’appelant Maître (un maître qui enseigne) et en prétendant reconnaître qu’il enseigne le vrai chemin de Dieu. Puis ils posent la question (qui en fait est double): Est-il permis de payer l’impôt à César (nom donné aux empereurs romains)? Seconde question: Est-on obligé de le faire?

Jésus voit que leurs compliments cachent en réalité un piège: ils veulent le “tenter” (ou “tester”, comme Satan l’a fait: Marc 1,13). Ils veulent essayer de le faire tomber dans un piège.
Jésus demande une pièce d’argent puis demande:

“L’effigie et l’inscription sont de qui?” – “De César”, doivent-ils répondre.
Alors Jésus dit: “A César, rendez ce qui est à César, et à Dieu, ce qui est à Dieu.”
Les interlocuteurs sont remplis de stupeur et ne trouvent plus rien à dire.

C’est un récit de controverse, parmi d’autres. Mais celui-ci révèle que le pouvoir politique aussi bien que les dirigeants religieux ont peur de Jésus et veulent le compromettre pour pouvoir le faire condamner.

Les pharisiens sont probablement envoyés par le Sanhédrin de Jérusalem (cour suprême religieuse) dont les membres tiennent leur positions grâce à l’appui des Romains. Les hérodiens sont des membres proches ou éloignés de l’entourage d’Hérode Antipas, gouverneur de Galilée, qui doit garder l’ordre dans son domaine et assurer le retour des taxes à Rome s’il veut conserver le poste qui lui a été donné par Rome.

Le piège est évident: refuser les taxes (cela est déjà arrivé en l’an 6 avec Judas le Galiléen) est l’équivalent de la révolte contre Rome mais prôner le paiement des taxes montrerait que Jésus n’est pas le Messie qui doit libérer Israël parce que le peuple, lui, supporte très mal le tribut à Rome.

Cette attaque est très forte et reviendra au procès de Jésus pour l’accuser faussement d’empêcher de payer le tribut à César.

La réponse de Jésus (souvent discutée) semble bien indiquer, au moins comme première application, qu’il ne faut pas confondre les devoirs réels à l’État avec les devoirs réels à Dieu. Et évidemment, que les devoirs à Dieu passent avant les devoirs politiques quand il y a conflit.

Mais dans le contexte, la stupeur des interlocuteurs de Jésus vient de ce qu’ils sont renvoyés à leur question et à leurs responsabilités (comme ceux qui voulaient faire lapider la femme prise en adultère dans Jean 8). Puisque la monnaie qu’ils utilisent dans leurs affaires est celle de César, il est logique qu’ils s’acquittent de l’impôt dû à César. Ils se trouvent ainsi coincés. Jésus s’est ainsi placé au-dessus de la discussion entre le parti pro-révolution et le parti pro-romain. Mais les opposants continueront à essayer de le compromettre pour le faire disparaître.

Jean Gobeil SJ 

2021/05/31- Lc 1, 39-56 – Visitation de la Vierge Marie

Marie se rend rapidement chez sa cousine Elisabeth qui est enceinte. A son arrivée, celle-ci, sous l’influence de l’Esprit Saint prophétise et son enfant tressaille d’allégresse. Marie prononce son chant d’action de grâce, le Magnificat. Elle reste avec Elisabeth pendant trois mois.

Tout le récit de l’enfance dans Luc reflète le commencement du Règne de Dieu. Avec l’Incarnation de la Parole de Dieu, la présence de l’Esprit se fait sentir et les hymnes de louange et d’action de grâce sont remplis de joie.

Marie n’est pas le centre des récits même si elle est importante. Elle est le premier modèle d’un disciple. C’est son acceptation de la parole de Dieu qui a permis l’Incarnation et c’est ce que souligne Elisabeth: Heureuse celle qui a cru à l’accomplissement des paroles qui lui furent dites de la part du Seigneur. (Luc 1,45)

Ensuite, son voyage rapide pour aller porter la Parole à Elisabeth est l’image du voyage que fera la Parole jusqu’à Rome (livre des Actes) et de la mission de tout vrai disciple. La virginité de Marie, qui est clairement impliquée, n’est pas pour glorifier la mère mais bien pour donner le sens de l’enfant qu’elle porte. Il reste qu’à cause de cela, elle est bénie entre toutes les femmes (Luc 1,42): elle porte la parole par excellence, le Verbe de Dieu.

A la suite de sa réponse de foi, l’Esprit est venu sur elle et l’accompagne. C’est lui qui fait tressaillir l’enfant dans le sein d’Elisabeth et la fait prophétiser: elle proclame que le fils de Marie est le Christ Seigneur celui que le Psaume 110 appelle le descendant de David, Seigneur, et que Jésus citera plus tard (Luc 20,41).

Marie dit le Magnificat, son chant d’action de grâce et de louange. Tout en reconnaissant que Dieu s’est penché sur son humble servante et que pour cette raison elle sera déclarée bienheureuse, son chant est surtout une louange de Dieu, dans des phrases commençant par “Il” et qui sont des réminiscences des louanges de l’Ancien Testament.

Jean Gobeil SJ

2021/05/29 – Mc 11, 27-33

Quel est le secret du bonheur? « Le plaisir, l’argent,… » répond le monde. Mais toutes ces frivolités sont superficielles, elles n’atteignent pas le coeur d’une personne humaine et disparaissent vite. Pour celui qui croit, la seule voie du bonheur consiste à découvrir la volonté de Dieu et à y conformer toute sa vie. Pourquoi? Parce que Dieu nous aime mieux que nous-mêmes et veut pour nous le vrai bonheur, celui qui nous comble de joie et qui dure sans fin.

Sa volonté, Dieu nous la manifeste par ses envoyés, les prophètes, et par les signes qu’il place sur notre route. Mais comment savoir si ces prophètes ou ces signes proviennent du Seigneur? Le discernement spirituel, guidé par des critères précis, nous permet de juger et de nous orienter. Au temps de Jésus, ceux qui remplissaient cette fonction essentielle de discerner la vraie route et d’y conduire le peuple, c’étaient les chefs des prêtres, les docteurs de la loi et les anciens.

En chassant hors du temple les vendeurs et les changeurs de monnaie, le Christ a posé un geste révolutionnaire. Son intervention équivalait à une condamnation de la conduite des grands prêtres, qui possédaient l’autorité complète sur le temple et sur les activités qui s’y déroulaient. Ce geste audacieux rappelait la prophétie de Jérémie, annonçant la destruction de ce sanctuaire. En Raison de cette prophétie, on avait réclamé la mort du prophète. (Jér 7,12-15; 26,7-9) Maintenant, ce sont les chefs des prêtres, les scribes et les anciens – c’est-à-dire l’élite de la nation – qui interpellent Jésus pour qu’il explique de quel droit il est intervenu de façon aussi spectaculaire: « Comment as-tu osé? » Au procès de Jésus, son geste et son annonce de la destruction du temple seront au centre des accusations contre lui. (Mc 14,58)

Jésus ne leur répond pas immédiatement, mais il commence par une question, à laquelle ses interlocuteurs ne peuvent, ou plutôt ne veulent pas répondre. Ils vont montrer ainsi qu’ils sont de mauvaise foi. Il serait donc vain que Jésus leur réponde, car leurs préjugés à son égard les empêcheraient d’accepter et de comprendre la vérité. À ceux qui n’ont pas les dispositions nécessaires pour accueillir la vérité, il est préférable de ne pas leur répondre. Jésus avait prévenu ses disciples: « Ne jetez pas vos perles devant les porcs, de peur qu’ils ne les piétinent. » (Mt 7,6)

Jésus, lui, s’était prononcé sur Jean et il avait fait son éloge après le départ des disciples que celui-ci lui avait envoyés: la foule s’était rassemblé auprès de Jean pour l’entendre et se soumettre au rite du baptême, car il était « bien plus qu’un prophète ». (Mt 11,9) Mais, comme tous les envoyés de Dieu, Jean dérangeait; Hérode l’avait violemment écarté pour le réduire au silence. Les grands prêtres et les docteurs de la loi ne l’avaient pas persécuté comme Hérode, mais ils étaient demeurés sourds à son appel à la conversion. Leur indifférence était une autre manière de se fermer les oreilles à la Parole de Dieu.

Jean était-il envoyé du Seigneur et son représentant, ou bien était-il un imposteur? En lui et dans son message, les scribes et les prêtres ont-ils vu Dieu et ont-ils entendu sa voix? À cette question essentielle, les chefs avaient le devoir d’éclairer le peuple. En avouant leur ignorance ou leur refus de se prononcer, ils se discréditent et ne méritent pas le respect du peuple. Ce jugement implicite condamne leurs prétentions d’assumer le rôle de dirigeants. Ce verdict prépare les vives controverses qui vont suivre, dans lesquelles Jésus va montrer qu’ils sont de mauvais pasteurs.

Pour entendre la Parole de Dieu, il faut être disponible à entendre un message nouveau, qui pourra déconcerter. Le Seigneur es t le Dieu de l’histoire, il n’est pas le Dieu de la stagnation, de la répétition, il nous entraîne en avant, vers la nouveauté à découvrir. Ses voies ne sont pas les nôtres et ses projets ne sont pas les nôtres. (Isaïe 55.8)

Jean-Louis D’Aragon SJ

2021/05/28 – Mc 11, 11-25

Jésus vient d’entrer à Jérusalem, entouré de ses disciples et d’une foule qui l’acclament, « Que Dieu bénisse celui qui vient au nom du Seigneur!… » Mais Jésus ne se présente pas comme le peuple le souhaite, un chef guerrier, victorieux et libérateur des ennemis. Il monte un âne, la monture des pauvres, et non pas un cheval, marque du conquérant.

À Jérusalem, Jésus prévoit nettement qu’il devra affronter les autorités juives. Cet affrontement amorcera la crise décisive. Une parabole en acte, sous la forme du figuier sans fruits, illustre la stérilité du Judaïsme officiel, qu’il va juger par la purification du temple. Un enseignement sur l’efficacité de la prière conclut cette scène.

En arrivant dans la ville, Jésus se rend au temple, centre de la vie religieuse du peuple. « Il inspecte du regard toutes choses », évaluant lucidement les abus qu’il découvre, sans réagir immédiatement sous le coup d’une émotion subite. Il retourne à Béthanie pour la nuit et il prie pour que sa décision soit conforme à la volonté de Dieu. Il prie pour avoir le courage et la force d’affronter les autorités juives.

Les disciples jugent que la venue de Jésus au temple équivaut presque à un suicide, car il s’aventure sur le terrain où ses adversaires sont tout-puissants. Mais leur attachement au Christ est plus fort que leur peur; ils demeurent avec lui et le suivent.

Un mois avant la saison des fruits, il est anormal de chercher des figues. Le figuier, au printemps, resplendit de feuilles, mais cette belle apparence ne cache aucun fruit. Pourquoi Jésus cherche-t-il ce que le figuier ne pouvait produire à cette époque? Manifestement ce n’est pas le figuier comme tel qui est important, mais la leçon que Jésus veut illustrer.

L’épisode du figuier se divise en deux moments, qui encadrent le jugement du Christ sur le culte qui se déroule dans le temple. La malédiction du figuier ne se comprend pas en elle-même, séparée de la purification du temple. Cet arbre a belle apparence, avec son feuillage, mais il n’a produit aucun fruit. Pour Jésus, le culte dans le temple se revêt de splendeur et de solennité, mais ne remplit pas sa fonction d’introduire les fidèles dans la communion à leur Seigneur.

Depuis le début de son ministère prophétique, Jésus a contesté l’enseignement des scribes et des pharisiens. Sa contestation atteint maintenant
le haut sacerdoce, les grands prêtres sadducéens, cette puissance qui veillait sur le temple et sur le déroulement de son culte. L’intervention de Jésus, qui condamne les activités dans le temple, équivaut à une censure des grands prêtres qui acceptent ce désordre et une telle exploitation des fidèles.

Reprenant une dénonciation du prophète Jérémie (7,11), Jésus accuse les autorités d’avoir dégradé le temple en « une caverne de bandits. » Quel abus Jésus dénonçait-il? Il semble que la puissante famille d’Anne, en particulier Caïphe, le grand prêtre au temps de Jésus, avait introduit dans le temple les commerçants, qui vendaient les animaux pour les sacrifices. Avant cette innovation, les commerçants se tenaient en dehors du sanctuaire.

Jouissant d’une sorte de monopole dans le temple, les commerçants, associés aux prêtres, auraient doublé le prix des animaux pour les sacrifices, en comparaison des prix ordinaires. C’est cette exploitation des fidèles que Jésus dénonce. Ce commerce éhonté et le vacarme profanaient la Maison de Dieu.

Jésus cite également le prophète Isaïe (56,7), qui rapporte le volonté du Seigneur sur le temple: « Ma maison sera une maison de prière pour toutes les nations. » Jésus dénonce évidemment les cris des commerçants et le beuglement des animaux qui empêchent toute véritable prière. Mais Jésus veut, comme le prophète, éliminer le mur de séparation, avec l’inscription qui prévenait les païens de la peine de mort s’ils pénétraient dans cette enceinte pour prier Dieu. Jésus rejette toute discrimination.

Au nom des disciples, Pierre s’étonne et admire la réalisation rapide de la parole de Jésus, « maudissant » le figuier. Jésus répond que la prière de toute personne peut, comme la sienne, obtenir le même résultat. Pour que notre prière soit vraiment efficace, il faut remplir deux conditions.

Tout d’abord, on doit se mettre en présence de Dieu pour connaître si vraiment nous osons lui demander la faveur que nous désirons. Est-ce seulement pour satisfaire notre égoïsme, en voulant inconsciemment mettre la puissance du Seigneur à notre service et la réduire à nos limites et à nos déviations? « Déplacer une montagne » pour une satisfaction magique, c’est la contradiction de la prière.

La seconde condition consiste à se conformer à la volonté de Dieu. Croire que l’amour de Dieu veut notre bonheur mieux que nous. Épouser le projet de Dieu sur nous consiste à élargir notre volonté et nos désirs aux dimensions du Seigneur. Dans la prière, il ne faut pas attendre de Dieu notre réponse, mais la sienne.

Mais la prière peut rencontrer un obstacle insurmontable: l’hostilité à l’égard d’un parent, d’un proche ou de n’importe quelle personne. Avoir de l’amertume, de la haine dans le coeur, se diviser ou s’opposer à autrui, c’est ériger un mur entre le Seigneur et nous. Il est impossible de communiquer avec Dieu, si on a érigé une muraille de haine quelle qu’elle soit, qui nous sépare de notre prochain et de Dieu.

Rappelons-nous la parabole des deux serviteurs. (Mt 18,21-35) Le premier doit une somme énorme à son maître, qui, par pitié, lui remet toute sa dette. Mais celui-ci, qui vient de tout recevoir gratuitement de son maître, ne veut pas partager cette gratuité avec son camarade. Il perd alors le pardon qu’il avait reçu. Par amour, Dieu fait les premiers pas vers nous, mais le don qu’il nous accorde, il faut qu’il rayonne autour de nous. On ne peut le garder pour soi-même.

Jean-Louis D’Aragon SJ

2021/05/27 – Mc 10, 46b-52

Jésus est en marche, montant vers Jérusalem, où il réalisera le cœur de l’histoire du salut, sa mort et sa résurrection. La ville de Jéricho, à plus de 400 mètres sous le niveau de la mer, se trouve à vingt kilomètres de Jérusalem, qui s’élève à 300 mètres au-dessus du niveau de la mer. La route qui mène de Jéricho à Jérusalem est sinueuse et nécessairement escarpée.
Le récit que nous présente Marc est clairement circonstancié, à la sortie de Jéricho, vers Jérusalem, mais l’évangéliste découvre dans ce miracle un signe d’une valeur universelle. Les détails de l’événement ont une signification pour tous les disciples de Jésus, à toutes les époques.

Ce mendiant, prisonnier dans les ténèbres au bord de la route, représente notre misérable humanité, sans espoir. Comme lui, chaque être humain aspire à la lumière et à la vie. Cette lumière et le salut s’avancent devant l’aveugle dans la personne de Jésus, qui passe également devant nous dans des signes qui nous interpellent. Le Christ, fait route vers Jérusalem, où il va accomplir la libération de l’humanité, en changeant les ténèbres de la mort en la lumière éclatante de la résurrection.

L’aveugle crie « Au secours! », et appelle Jésus comme un désespéré: « Jésus, Fils de David », Messie, Roi idéal, descendant de David. C’est le même titre que la foule enthousiaste adressera à Jésus au moment de son entrée à Jérusalem pour saluer le Messie. Cet aveugle ressemble à l’homme qui se noie et qui implore qu’on lui jette une bouée de sauvetage. S’il hésite et attend, le salut passera et disparaîtra au loin comme un train.

Le monde autour de l’aveugle veut lui imposer le silence. Le monde déteste être dérangé dans sa fausse quiétude et tentera toujours de faire taire celui qui croit et espère. Mais, comme l’aveugle, il faut persévérer en dépit des reproches des gens qui préfèrent leurs ténèbres (Jean 3,19). L’aveugle sait par sa foi que celui qui peut lui rendre la vue est là, que le moment favorable est court, qu’il disparaîtra vite. Son cri, inspiré par une sorte de désespoir, vient du fond de son coeur. Le psalmiste a bien raison de nous dire qu’il faut profiter du salut qui passe: « Aujourd’hui, si vous entendez sa voix, n’endurcissez pas votre cœur. » C’est le train du salut qui passe. Il faut saisir l’occasion de son passage.

La guérison physique est évidemment l’image de la guérison du cœur et de toute la personne de l’aveugle. Jésus répond à la demande de l’aveugle en lui disant non pas « Ta foi t’a guéri », mais « Ta foi t’a sauvé. » La guérison physique est le symbole du salut de sa personne, de la vie éternelle. Il voit et reconnaît en Jésus l’Envoyé de Dieu. Sa foi est active, car il ne se contente de se réjouir de la guérison obtenue, il « suit Jésus sur le chemin » vers Jérusalem, vers la croix et la résurrection.

Cet aveugle, qui gît comme un mendiant au bord du chemin, nous représente tous, nous qui essayons de cheminer dans l’obscurité. Nous sommes tous plus ou moins des aveugles. Notre guérison peut nous venir uniquement du Christ, l’Envoyé de Dieu, qui nous offre la lumière. Pour l’accueillir, nous devons croire avec persévérance, en dépit des sirènes et des sourires sceptiques qui tentent de nous distraire ou de nous décourager. Mais il ne suffit pas de croire tout simplement; notre foi doit être active et se réaliser dans la suite du Christ montant à Jérusalem.

Jean-Louis D’Aragon SJ

2021/05/26 – Mc 10, 32-45

Jésus, en route pour Jérusalem, fait une troisième annonce détaillée de la Passion. Jacques et Jean demandent d’avoir les premières places pour siéger (dans le Royaume). Les dix autres disciples s’indignent de la demande. Jésus les appelle tous et leur donne la seule façon d’être grand: ils doivent servir comme lui, le Fils de l’homme l’a fait.

Selon l’évangile de Marc, Jésus est en route pour Jérusalem pour la première fois. Jésus précède ses disciples: il sait où il va et ce qui l’attend. Les disciples sont effrayés. C’est un point que Marc souligne pour ses auditeurs de Rome qui subissent des persécutions: être effrayé, avoir une foi qui a des difficultés, subir la persécution ne sont pas des choses exceptionnelles pour un disciple.

Jésus avertit les Douze de ce qui l’attend: c’est la troisième annonce de la Passion et elle est détaillée. Cette fin fait partie de sa mission. Son messianisme n’est pas une position de conquête ou de domination. Son œuvre de révéler l’amour du Père va jusqu’à l’acceptation du rejet.

En dépit de leur peur, les disciples ont encore le rêve d’un messie qui serait un libérateur politique et un maître absolu. Sa manifestation ne pourrait se faire qu’à Jérusalem. C’est dans cette perspective que Jacques et Jean veulent faire des réservations! Ils veulent avoir les meilleures places. Les dix autres disciples sont indignés, non pas de la demande mais bien de s’être faits damer le pion. Ils ont le même rêve. Eux aussi ils attendent une bonne place quand Jésus se manifestera comme le roi puissant qui a triomphé de tous ses ennemis et fait disparaître les forces du mal.

Cette incompréhension est tellement en opposition à la véritable personne de Jésus qu=elle semble avoir été mise là par Marc justement pour faire ressortir la vraie identité de Jésus.

Il n’est pas venu pour juger, c’est-à-dire pour condamner et détruire mais pour sauver:
Dieu n’a pas envoyé son Fils dans le monde pour juger le monde
mais pour que le monde soit sauvé par lui. (Jean 3,17)

Pour les pauvres et les petits, pour ceux qui sont laissés en marge de la société, il réalise la prophétie d’Isaïe où Dieu dit:
J’ai mis sur mon serviteur mon esprit…il ne crie pas, il n’élève pas le ton Y il ne brise pas le roseau froissé, il n’éteint pas la mèche qui faiblit. (Isaïe 42,1-3)

Lui qui était grand s’est fait petit dans l’abaissement de l’Incarnation. De même pour le disciple:
Celui qui voudra devenir grand parmi vous, sera votre serviteur (diakonos)

Son service à lui est allé jusqu’à donner sa vie pour nous et en même temps nous donner la Vie qui était la sienne et sans laquelle nous ne pourrions pas être vraiment ses disciples:
Le Fils de l’homme n’est pas venu pour être servi, mais pour servir et donner sa vie en rançon pour la multitude.

Le disciple n’est pas plus grand que le Maître. Donc:
Celui qui veut être le premier sera l’esclave de tous. (doulos: serviteur-esclave)

Nous ne sommes pas seuls dans ce service:
C’est l’unique et même Esprit qui distribue ses dons à chacun en particulier comme il l’entend. (1 Cor.12,11)

Ces dons nous sont confiés pour servir:
Chacun selon la grâce reçue, mettez-vous au service les uns des autres, comme de bons intendants d’une multiple grâce de Dieu. (1 Pierre 4,10)

Comme le Christ, un disciple doit être une personne pour les autres.

Jean Gobeil SJ