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2021/08/26 Mt 24, 42-51

Jésus se compare à un voleur

Le voleur a toujours deux avantages sur le propriétaire qu’il dépouille : la manière de dérober et le moment de son méfait. Voici un exemple inusité. Un couple résidant dans la banlieue de Montréal reçut un jour par la poste deux billets gratuits pour un concert à la Place des Arts. Heureux de cette aubaine, ils passèrent une soirée agréable à écouter la musique symphonique. Mais, à leur retour au foyer, ils constatèrent que leur maison avait été dévalisée. C’était une manière originale des voleurs d’avoir toute liberté pour s’introduire dans cette résidence et pour y dérober ce qu’ils désiraient ! Et que dire des malfaiteurs qui téléphonent à une résidence pour s’assurer que les propriétaires en deuil sont absents, soit au salon mortuaire, soit à l’église !

Comment Jésus peut-il se comparer à un personnage aussi odieux qu’un voleur ? Comment concilier avec l’amour de Dieu cette irruption à l’improviste dans notre existence, dans des circonstances souvent imprévues ? Est-il possible que le Seigneur manifeste son amour pour nous en agissant d’une manière aussi déconcertante ?

Deux attitudes face à l’avenir

Nous sommes inquiets quand nous pensons à notre avenir, surtout lorsqu’il s’agit du dernier instant de notre vie. Nous avons bien peu d’emprise sur ce qui nous arrivera dans le futur. Une première manière d’y faire face et de désamorcer notre inquiétude consiste à essayer de percer ce mystère et de planifier notre avenir. Depuis de nombreux siècles, on a tenté de connaître l’avenir au moyen de la divination, de la magie, des astres… On veut tellement savoir qu’on croit naïvement celui ou celle qui prétend lire l’avenir dans le jeu de cartes, les feuilles de thé, les signes du zodiaque,… On essaie de prendre en main son avenir, d’avoir une mainmise sur le lendemain et de recourir aux moyens appropriés.

À l’opposé, celui qui a la foi place sa confiance non en lui-même et dans ses propres moyens, mais dans la bonté de Dieu. Par la foi, il vit dans une Alliance d’amour avec son Seigneur. La foi et l’amour ne peuvent exister chez le chrétien sans la confiance, qui l’incline à ne pas se replier sur lui–même, mais de remettre sa vie et sa personne entre les mains de Celui qu’il aime. Savoir longtemps à l’avance le moment de sa mort ne serait plus dans l’ordre de la foi et de la confiance, mais dans celui de la prévoyance humaine.

Être toujours prêt !

De nos jours, la majorité des gens vivent noyés dans le moment présent. Les plus jeunes veulent tout, dans l’instant présent. L’avenir ? On n’y pense pas et, surtout, on essaie d’oublier la fin de son existence. On sait qu’un jour on mourra, mais il vaut mieux ne pas y penser et vivre dans le moment présent.

Quand on essaie de ne jamais penser à la fin qui pourrait survenir à n’importe quel moment, on vit dans une fausse sécurité. La routine et la monotonie s’installent. Aussi Jésus nous prévient qu’il faut veiller, c’est-à-dire être toujours en alerte, sur le qui-vive. Ce stimulant nous protège contre l’ennui et la grisaille de l’existence. Un artiste pratique son art chaque jour afin d’être toujours prêt pour une compétition ou pour un concert.

Dieu a donné à chaque personne une personnalité, un ensemble de qualités pour remplir ses responsabilités dans le monde. Chacun(e) doit être le serviteur persévérant et avisé, qui accomplit fidèlement sa mission.

Une parabole

Dans une leçon de pédagogie, on imagine trois démons comparaissant devant leur maître, « Le Prince de ce monde. » Celui-ci demande à chacun sa tactique pour corrompre et perdre les humains. Le premier dit qu’il voudrait les convaincre que Dieu n’existe pas et qu’ils sont libres de tout faire. Mais Lucifer rejeta cette tactique : « Voyons ! Les hommes regardent la nature et le ciel, puis ils demandent ‘Qui a fait tout cela ?’ Le second proposa de répéter au monde que l’enfer n’existe pas et que les gens n’ont rien à craindre. Nouvelle tactique rejetée : « L’enfer existe déjà sur la terre. Des gens le disent eux-mêmes : ‘Je vis un enfer!’ » Le troisième s’avançe avec son programme : « Je vais leur répéter de ne pas se préoccuper, qu’ils ont tout le temps. » « Voilà la bonne tactique ! » s’écria Satan. « Les gens vont se dire : « Demain, plus tard ! Pourquoi changer, pourquoi faire un effort pour se convertir? J’ai tout le temps. »

Jean-Louis D’Aragon SJ

2021/08/25 – Mt 23, 27-32

Le texte comprend les deux dernières du groupe de sept invectives contre les scribes et les Pharisiens. La sixième compare les scribes et les Pharisiens à des sépulcres dont l’extérieur paraît pur mais dont l’intérieur contient des restes impurs. La septième les accuse de vénérer les prophètes que leurs pères ont tués mais de faire comme eux vis-à-vis des prophètes du présent.

Dans le verset qui suit notre texte on peut voir pourquoi Matthieu a rassemblé ces sept textes virulents. J’envoie vers vous des prophètes, des sages et des scribes (les missionnaires chrétiens): vous en tuerez et mettrez en croix, vous en flagellerez dans vos synagogues…. C’est au moins une image de ce que vit la communauté de Matthieu et on peut comprendre l’accumulation de textes virulents contre les autorités juives.

Mais il y a aussi dans les paroles de Jésus quelque chose de la force des textes prophétiques quand il s’agissait de rappeler des choses essentielles. Amos était violent quand il attaquait un culte purement extérieur: il appelait les sanctuaires, des sources de péchés : Allez à Béthel et péchez. A Gilgal et péchez de plus belle. (Amos 4,4) Il démolissait la liturgie : Je hais, je méprise vos fêtes…
Écarte de moi le bruit de tes cantiques. (Amos 5,21) De même pour Osée: des gestes extérieurs ne servent à rien sans la religion du cœur. Car, c’est l’amour qui me plaît et non les sacrifices, la connaissance de Dieu plutôt que les holocaustes. (Osée 6,6)

Jésus, à son tour, attaque donc les formes extérieures de la religion qui font oublier l’essentiel, comme lorsqu’il dit que les Pharisiens purifient l’extérieur de la coupe et oublient de purifier l’intérieur. Mais ces formes de parler ne sont pas seulement pour les Pharisiens. C’est pour les disciples qu’il a dit dans le sermon sur la montagne : quand tu présentes ton offrande à l’autel, si tu te souviens que ton frère a quelque chose contre toi, laisse là ton offrande, devant l’autel, et va d’abord te réconcilier avec ton frère. (Matthieu 5,23-24) Ces paroles demeurent donc des sujets de réflexion pour quiconque se veut disciple du Christ.

Jean Gobeil SJ

2021/08/24 – Jn 1, 45-51

Philippe qui a été appelé directement par Jésus annonce à Nathanaël qu’on a découvert celui qui était promis par Moïse et les prophètes: c’est Jésus de Nazareth. La référence à Nazareth suscite le doute chez Nathanaël. Philippe répond: Viens et tu verras. Jésus l’accueille comme un véritable fils d’Israël, qu’il dit avoir vu quand il était assis sous le figuier, ce qui est une référence à quelque chose de bien précis dans la vie de Nathanaël. Celui-ci donne alors trois titres à Jésus: Rabbi, Fils de Dieu, roi d’Israël. Mais Jésus lui dit qu’il verra bien plus. Il verra quelque chose de la gloire de Jésus: les cieux ouverts et des anges qui montent et descendent au-dessus du Fils de l’homme.

Dans Jean, Nathanaël semble bien un des douze. Il est peut-être celui que la liste des synoptiques appellent Barthélemy. Jean Baptiste a dirigé deux de ses disciples, André et un autre, vers Jésus. André à son tour a été l’intermédiaire pour amener son frère Simon à Jésus qui lui a donné le surnom de Céphas (Pierre). Philippe aussi est un intermédiaire pour amener Nathanaël. Mais il faut plus que ce que déclare un intermédiaire pour faire un disciple. Il faut le contact personnel. Philippe emploie la même phrase que Jésus pour André: Viens et tu verras.

Jésus semble avoir déjà une connaissance intime de ces disciples. La mention du figuier où Nathanaël était assis, une expression employée dans les textes rabbiniques pour indiquer l’étude de la Loi, peut vouloir dire que Nathanaël méditait les Écritures. Jésus le qualifie de véritable fils d’Israël ce qui peut vouloir dire qu’il cherchait des réponses dans les paroles de Dieu. De toute façon, Nathanaël se sent connu profondément par Jésus et fait un acte de foi.

Il lui donne d’abord un titre de respect: Rabbi, Maître. Ensuite il le déclare Fils de Dieu et roi d’Israël. Fils de Dieu n’est pas encore une reconnaissance de la divinité; c’était un titre messianique pour qualifier l’envoyé de Dieu. Roi d’Israël est évidemment un titre messianique.

Jésus lui promet qu’il verra les cieux ouverts et des anges qui montent et descendent au-dessus du Fils de l’homme. Il s’agit de voir quelque chose de la gloire de Jésus. La description rappelle la vision de Jacob en rêve, une des plus puissantes visions de l’Ancien Testament. Jacob voit les cieux ouverts et une échelle qui relie le ciel à la terre sur laquelle des anges montent et descendent. C’est voir le ciel communiquer avec la terre et la terre communiquer avec le ciel. (Genèse 28,12) On peut voir dans cette parole de Jésus, qu’il est celui qui rend Dieu présent parmi nous et celui qui réunit l’humanité avec Dieu: c’est là sa gloire.

Jean Gobeil SJ 

2021/08/23 – Mt 23, 13-22

Nous avons les trois premières invectives, ou révélations du mal, d’un groupement de sept fait par Matthieu. La première est contre les scribes et les Pharisiens qui sont des experts de la Loi et des observateurs strictes qui gardent l’entrée dans le Royaume des cieux pour en exclure ceux qui voudraient y entrer. La seconde, encore contre les scribes et les Pharisiens, vise ceux qui, profitant de l’expansion des Juifs à travers l’empire, donnent comme conversion le modèle de ce qu’ils sont. La troisième apostrophe donne des exemples de ce modèle en exposant les subtilités de la hiérarchie des serments, serments que Jésus a déjà interdits dans le sermon sur la montagne.

Jésus a chassé du temple les vendeurs et les changeurs d’argent. C’était un geste prophétique de purification du culte. Les dénonciations, les Malheureux êtes-vous, veulent débarrasser la religion de ce qui en obscurcit le cœur. Les pratiques et les exigences des Pharisiens font perdre de vue ce qui est essentiel; c’est pour cela que Jésus parle d’aveugles conduisant des aveugles.

Les Juifs avaient leur synagogue et parfois plus qu’une dans les villes de l’empire. Leur religion d’un Dieu unique attirait l’attention et la sympathie de beaucoup de gens. Mais les Juifs du parti des Pharisiens exerçaient une surveillance sérieuse des observances de la Loi telle qu’il la voyait. On a vu Paul, avant sa conversion, partir de Jérusalem pour aller faire des arrestations des disciples de Jésus à Damas (on ne les appelle pas encore Chrétiens). Le cas n’est pas exceptionnel: on connaît par l’histoire le cas d’un Juif qui avait parlé contre le Temple et s’était réfugié au Caire. Des gens de Jérusalem allèrent l’arrêter au Caire pour le ramener à Jérusalem et le faire exécuter. On trouve des exemples de surveillance parmi les premiers Judéo-chrétiens. Pierre est questionné par des gens de la communauté de Jérusalem, non pas parce qu’il a baptisé Corneille, le centurion romain, mais parce qu’il a mangé chez lui! D’autres Judéo-chrétiens de Jérusalem, probablement des Pharisiens convertis (du parti de Jacques), iront à Antioche de Syrie pour exiger que les païens convertis soient circoncis. Ce sont probablement les mêmes qui un peu plus tard à Antioche voudront que les Juifs convertis mangent séparément des païens convertis.

Matthieu est peut-être conscient de ce danger qui menace toute communauté et qui peut faire, qu’au nom d’exigences bien intentionnées, on obscurcisse ce qui est essentiel: les arbres peuvent cacher la forêt!

Jean Gobeil SJ

2021/08/21 – Mt 23, 1-12

Jésus s’adresse à la foule et à ses disciples. Les scribes et les Pharisiens, en tant qu’occupant la chaire de Moïse, c’est-à-dire en tant que transmettant les paroles de Dieu, doivent être écoutés. Il faut observez ce qu’ils disent mais non pas ce qu’ils font. En outre, leurs interprétations des paroles de Dieu ne sont que de pesants fardeaux qu’ils imposent aux gens et qui servent à assurer leur autorité. Leurs pratiques de piété sont faites pour être vus et ils tiennent aux titres et aux places honorifiques. Suit un enseignement qui n’est pas pour la foule mais pour les disciples. Ils ne doivent pas se faire donner des titres d’honneur comme Rabbi, Père (Abba), Maître. Les fonctions qu’ils occupent doivent être des services et non des postes d’honneur.

Les scribes et les Pharisiens sont nommés ensemble parce qu’ils sont ordinairement des adversaires de Jésus. Les scribes sont ceux des Pharisiens qui sont considérés comme des experts des Écritures, c’est-à-dire la Loi et les Prophètes. Ainsi, en transmettant les paroles de Moïse ils transmettent la Parole de Dieu : c’est cela occuper la chaire de Moïse. Jésus respecte cette Parole. Il recommande donc d’écouter et d’observer ce que disent les scribes.

Mais il ne faut pas prendre comme modèles à imiter leur manière de faire. Il avait déjà attaqué leurs interprétations de la Loi qui leur servaient à éviter d’observer des commandements importants (15,5).
Il ajoute ici que ces interprétations qu’ils imposent aux gens servent à assurer leur autorité. Pour cultiver cette autorité, ils ont des pratiques ostentatoires de piété: de gros phylactères et des longues franges à leur manteau. Les phylactères sont des étuis contenant un texte de la Loi qu’on portait sur le front et sur le bras au moment de la prière (Deutéronome 6,8). Les franges, nouées d’une façon spéciale, représentaient les Lois et identifiaient le porteur comme observateur de la Loi et membre du peuple de Dieu (Nombres 15,38). Ils réclamaient des places d’honneur et des salutations spéciales. Le sermon sur la montagne avait déjà dit que les pratiques de piété, pour être authentiques, devaient être faites pour Dieu et non pour la galerie.

Il y a une rupture au verset 8: Pour vous, ne vous faites pas donner le titre de Rabbi… Le Vous représente les disciples et non plus la foule. Matthieu a senti le besoin de faire un rappel à sa communauté. Il a donc pris des paroles de Jésus qui étaient dans un autre contexte pour les grouper ici. Ce qui est visé ce sont des titres honorifiques: Rabbi, Père, Maître. On doit éviter les titres honorifiques. Les seuls titres justifiables dans les communautés chrétiennes primitives seront de titres de fonction : Épiscope (surveillant), anciens (presbytres), diacres et diaconesses, comme plus tard lecteur, portier. Ces titres de fonction représentent des services. Le service est la seule chose qu’un chrétien doit chercher, c’est ce que rappelle le titre du pape qui fait précéder sa signature de deux lettres: ss c’est-à-dire Serviteur des serviteurs (Servus servorum). Jésus termine en rappelant : Le plus grand parmi vous sera votre serviteur.

Jean Gobeil SJ 

 

 

2021/08/20 – Mt 22, 34-40

Après la défaite des Sadducéens par Jésus, des Pharisiens se réunissent pour lui tendre un piège (le même mot que pour Satan dans les trois tentations au désert). Ils lui posent une question qui était d’ailleurs très discutée parmi les docteurs de la Loi: quel est le plus grand commandement? Jésus répond en citant le Deutéronome: Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur, de toute ton âme, de tout ton esprit. C’est le premier commandement, mais il ajoute que le second lui est semblable et il cite le livre du Lévitique: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Jésus conclut: À ces deux commandements se rattachent la Loi et les Prophètes.

Matthieu a groupé plusieurs controverses supposées se dérouler dans le temple. Les disciples des Pharisiens et des Hérodiens ont commencé avec une question sur l’impôt à César. Ensuite des Sadducéens essaient de tourner en ridicule la résurrection des morts que les pharisiens admettent comme Jésus. La réponse de Jésus provoque l’admiration de la foule. Les pharisiens se réunissent alors en groupe et envoie un des leurs poser une question sur un sujet très discuté: quel est le plus grand commandement?

Moïse, au Sinaï, a reçu de Dieu les dix commandements. Mais depuis ce temps-là, les Pharisiens ont appliqué ces commandements à tous les détails de la vie courante et ils ont même compté les commandements: au lieu de dix, ils arrivent à un total de 613, dont 365 négatifs, ce qu’on ne doit pas faire, et 248 positifs, ce qu’on doit faire. C’était donc un bon sujet de discussion: lequel est le premier ou le plus grand commandement.

L’interlocuteur de Jésus l’appelle Maître, c’est-à-dire celui qui enseigne. C’est poli mais c’est en même temps une sorte de défi. C’est comme dire: Toi qui enseignes, qu’est-ce que tu réponds à cette question ?

Jésus répond avec une citation du Deutéronome (6,4), citation qui encore aujourd’hui fait partie de la prière que les Juifs récitent matin et soir et dans les occasions de danger. Écoute, Israël. Le Seigneur notre Dieu est le seul Seigneur. Tu aimeras le Seigneur ton Dieu de tout ton coeur (du plus profond de toi-même), de toute ton âme (de toutes tes énergies), de tout ton esprit (de toutes tes pensées). Dieu veut non seulement de l’obéissance aux commandements mais encore une réponse d’amour, et les prophètes comme les Psaumes ont parlé de la tendresse de Dieu.

Jésus ne cite donc pas quelque chose de nouveau. Ce qui est original, c’est de lier un deuxième commandement au premier et de les considérer comme inséparables. Il cite le Lévitique (19,8):
Tu aimeras ton prochain comme toi-même. C’est comme s’il avait réuni Osée, le premier commandement de l’amour de Dieu, à Amos, la justice envers le prochain sans laquelle on ne peut avoir de rapport avec Dieu. Matthieu ne dit pas comment les Pharisiens ont réagi mais on ne voit pas comment ils n’auraient pas pu être d’accord.

Jean Gobeil SJ

202/08/19 – Mt 22, 1-14

Jésus annonce une parabole sur le Royaume des cieux. Un roi envoie des serviteurs pour inviter des gens aux noces de son fils. Certains préfèrent s’en aller à leur champ ou à leur commerce, d’autres maltraitent et même tuent les serviteurs du roi. Le roi en colère envoya ses troupes tuer les meurtriers et brûler leur ville. Le roi envoie ensuite des serviteurs sur les chemins pour rassembler ceux qu’ils verraient, les bons comme les mauvais, et remplir la salle de noce. Le roi découvre un convive qui n’a pas le vêtement de noce; il le fait jeter dehors. La conclusion: une multitude est appelée mais les élus sont peu nombreux.

L’évangile présente une journée de prédication de Jésus au temple. Dans une série de trois paraboles, Jésus illustre le refus d’Israël à l’invitation de Dieu. La première décrivait des enfants (les Juifs) qui refusaient de participer à un jeu de funérailles (le message de Jean Baptiste) et qui refusaient aussi de jouer dans une célébration joyeuse (le Message de Jésus). La seconde était celle des vignerons chargés d’une vigne (les autorités d’Israël) qui refusaient ou maltraitaient les envoyés (les prophètes) du maître de la vigne (Dieu) et qui finissaient par tuer le fils du maître de la vigne (Jésus). Le maître remplacera ces vignerons par d’autres (les païens et les pécheurs).

La troisième est celle que nous avons aujourd’hui. Elle aussi est remplie de traits allégoriques. Le roi qui envoie des serviteurs est Dieu. Les serviteurs sont les prophètes mais aussi les apôtres à cause de la mention des noces. Les noces étaient une figure déjà employée par Osée pour illustrer la relation que Dieu voulait avoir avec son peuple : Je te fiancerai à moi pour toujours; je te fiancerai dans la justice et dans le droit, dans la tendresse et la miséricorde; je te fiancerai à moi dans la fidélité, et tu connaîtras Yahvé. (Osée 2,21-22)

La félicité messianique sera illustrée par la joie des noces et Jésus, lui-même, se présentera comme l’époux en disant que les disciples ne peuvent mener le deuil, c’est-à-dire jeûner, quand l’époux (lui-même) est présent parmi eux (Matthieu 9,15). La mention des noces du fils indique donc que le temps de cette première partie du texte est le temps historique, le temps vécu par les apôtres. C’est le temps du rejet des envoyés de Dieu, de Jésus et de ses disciples.

La mention que le roi enverra des serviteurs brûler la ville évoque la destruction de Jérusalem en l’an 70 que le rédacteur de l’évangile a connue.

Le roi envoie chercher en dehors de la ville, sur les routes (en dehors de la Palestine), les bons et les méchants pour qu’ils viennent au banquet. C’est une référence aux païens et aux pécheurs qui sont maintenant appelés à faire partie du Royaume, un rappel que Matthieu sent le besoin de faire pour sa communauté.

La partie qui suit est une seconde parabole. Le temps n’est plus le même. C’est le temps du banquet céleste et le temps du jugement dernier. Quelqu’un a accepté l’invitation au banquet céleste mais il n’a pas la tenue convenable. Il est donc exclus de ce banquet. Ce personnage représente quelqu’un qui a accepté le Christ mais n’a jamais produit aucune œuvre de justice.

C’est donc un rappel à la communauté de Matthieu et à la nôtre que la foi sans les œuvres n’est pas suffisante.

La conclusion sur le grand nombre d’invités et le petit nombre d’élus, venant après l’exclusion de l’invité qui n’avait pas le vêtement de noce, est peut-être apportée pour les chrétiens: ils sont des invités qui ont accepté l’invitation: il ne faut pas qu’ils se considèrent des élus et qu’ils oublient les fruits qu’ils doivent produire.

Jean Gobeil SJ

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

202/08/18 – Mt 20, 1-16

Jésus dit aux disciples que le Royaume des cieux est comme la parabole suivante. Le maître d’une vigne embauche des ouvriers le matin et se met d’accord pour le salaire d’un denier. Il en embauche d’autres à neuf heures, puis à cinq heures pour le même salaire. Le soir venu, il fait payer les salaires en commençant par les derniers qui reçoivent un denier; ensuite de même pour les ouvriers du milieu du jour. Quand les ouvriers du matin reçoivent le même salaire, ils récriminent contre le maître de la vigne. Celui-ci leur dit qu’ils ont reçu ce qui était convenu et qu’ils ne doivent pas voir d’un mauvais œil sa générosité. Jésus conclut en disant que c’est ainsi que les derniers seront premiers et les premiers derniers.

La communauté pour laquelle Matthieu écrit est composée en majorité de judéo-chrétiens. Il y avait le danger de la jalousie vis-à-vis des pécheurs et des païens convertis comme le montre Luc dans la parabole de l’enfant prodigue où le frère aîné est jaloux de la fête donnée pour le retour de son frère. Dans la parabole ici, les judéo-chrétiens pouvaient se reconnaître dans les ouvriers qui ont travaillé toute la journée et voir les païens et les pécheurs dans ceux qui n’ont travaillé qu’une heure.

La conclusion de la parabole montre bien d’abord que la générosité de Dieu est pour tous et qu’elle n’est pas basée sur ce que les hommes peuvent fournir. La justice humaine a été satisfaite puisque le salaire est en conformité avec le contrat initial. Mais comme Dieu l’a souvent répété dans l’Ancien Testament, la justice de Dieu n’est pas celle des hommes. On le voit, par exemple, dans la conclusion du livre de Jonas, qui montre que la compassion et la miséricorde font partie de la justice de Dieu.

Mais la première chose à retenir pour les auditeurs de Matthieu est que la générosité de Dieu pour les ouvriers de la dernière heure n’enlève rien aux ouvriers de la première heure. Et la seconde chose est que les ouvriers de la première heure, recevant le même montant, sont eux aussi l’objet de la générosité de Dieu, ce qui est exactement ce que le père de l’enfant prodigue disait au frère aîné.

Jean Gobeil SJ

 

 

 

2021/08/17 – Mt 19, 23-30

Jésus dit à ses disciples: Un riche entrera difficilement dans le Royaume des cieux: c’est plus facile pour un chameau de passer par un trou d’aiguille. Les disciples sont profondément déconcertés. Qui peut donc être sauvé, disent-ils. Pour les hommes, répond Jésus, c’est impossible mais pour Dieu tout est possible. Pierre prend la parole: Et nous qui avons tout quitté qu’est-ce qu’il y aura pour nous? Jésus leur déclare: Quand le Fils de l’homme siégera dans sa gloire vous siégerez sur douze trônes pour juger les douze tribus d’Israël. Quiconque aura quitté à cause de mon nom maisons, un père, une mère…recevra beaucoup plus et aura la vie éternelle. Beaucoup de premiers seront derniers, beaucoup de derniers seront premiers.

Ce texte sur l’obstacle que constituent les richesses vient immédiatement après l’épisode du jeune homme riche qui ne peut suivre Jésus à cause de ses richesses. L’image du chameau doit évoquer les caravanes qui étaient nécessaires pour apporter les choses précieuses ou rares venant d’orient. Les richesses sont des charges qui entravent la liberté de n’être dépendent que de Dieu.

Les disciples sont inquiets. Après les conditions sur l’unité du mariage et maintenant les exigences vis-à-vis des richesses, qui pourra être sauvé? Jésus répond que le salut n’est pas une œuvre humaine mais seulement l’œuvre de Dieu et pour Dieu, rien n’est impossible. C’est là une phrase qui avait été dite à Abraham lors de l’annonce qu’il aurait un fils dans sa vieillesse (Genèse 18,14) et à Marie, lors de l’Annonciation (Luc 1,37).

Pierre intervient pour demander ce qui adviendra à ceux qui ont abandonné leurs sécurités terrestres. Lors de la manifestation finale du Royaume de Dieu alors que le Fils de l’homme sera en gloire, les Douze seront les juges des douze tribus d’Israël pour décider de l’admission des justes. La mention de douze tribus alors qu’au temps de Jésus il ne reste que deux tribus souligne que l’œuvre du Christ inclut la restauration du peuple de Dieu, promise par les prophètes.

Quiconque aura quitté…. Les promesses ne sont pas seulement pour les Douze. Quiconque, pour appartenir au Christ, a dû faire des arrachements de ce qui l’empêchait d’être complètement disponible, recevra beaucoup plus mais surtout il aura la vie éternelle même si, aux yeux de la société il pourra avoir l’air d’être un des derniers: en fait il sera du nombre des premiers.

Jean Gobeil SJ

2021/08/16 – Mt 19, 16-22

Un jeune homme demande à Jésus qu’est-ce qu’il doit faire pour avoir la vie éternelle. Jésus répond, un peu sèchement, en rappelant que cette question ne doit pas oublier qu’il s’agit de répondre à un Dieu qui est bon. Ce que Dieu demande d’abord c’est l’observance des commandements. Il lui rappelle les commandements vis-à-vis du prochain, en concluant: Tu aimeras ton prochain comme toi-même. Le jeune homme dit avoir observé tout cela depuis son enfance. Il demande qu’est-ce qui lui manque encore. Jésus lui répond: Si tu veux être parfait, sépare-toi de tes richesses et suis-moi. Et le jeune homme s’en alla tout triste car il avait de grands biens.

Un jeune homme riche vient voir Jésus. Il faisait peut-être comme on faisait à l’époque. L’historien juif de la génération suivante, Flavius Josèphe rapporte que dans sa jeunesse il fit des séjours auprès de maîtres, rabbins ou philosophes. C’est peut-être ce que veut faire ce jeune homme.

Jésus commence donc par lui rappeler qu’il ne s’agit pas de quelque chose mais de quelqu’un: il s’agit d’une relation avec Dieu. Jésus commence par ce que Dieu demande: les commandements. Il lui rappelle les commandements touchant à la conduite vis-à-vis du prochain et termine avec l’amour du prochain, tel que stipulé dans le Lévitique (19,18).

Le jeune dit avoir observé tout cela et il semble bien sincère. Ce qui suit n’est plus de l’ordre des commandements. C’est une offre que Jésus lui fait. Si tu veux être parfait….
Mais Jésus a employé le même mot, dans le sermon sur la montagne, pour dire que ses disciples doivent être parfaits comme leur Père céleste. C’est bien une invitation à être son disciple: Suis-moi…

Mais pour être son disciple, il faut qu’il se libère de ses richesses. Le jeune homme n’est pas capable d’abandonner ce qui fait sa sécurité. Il ne donne pas de fausse raison. Il s’en va triste.

Les disciples ne peuvent oublier l’aide au prochain mais ici, il semble que le point précis est la disponibilité. Après tout, Pierre n’a pas vendu sa maison avant de suivre Jésus. On voit dans le livre des Actes, Barnabé faire exactement cela et venir déposer l’argent aux pieds des apôtres. Mais cela semble exceptionnel. Marie, la mère de Marc, cousin de Barnabé et très probablement l’auteur d’un évangile, n’avait pas vendu sa maison: c’est là que se réunissait l’église pour prier quand Pierre était en prison. (Actes 12,12). Mais il est également clair dans l’église primitive que les chrétiens gardaient leurs biens disponibles pour aider ceux qui étaient dans le besoin.

Mais pour être disponible, il faut être capable de se libérer…

Jean Gobeil SJ