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2021/12/21 – Lc 1, 39-45

Marie se met en route en toute hâte pour aller visiter sa cousine Elisabeth. Arrivée dans la maison de Zacharie elle salue Elisabeth. Cette salutation fait tressaillir l’enfant que porte celle-ci. L’Esprit remplit Elisabeth qui accueille Marie comme la mère du Seigneur et la déclare bienheureuse parce qu’elle a accueilli les paroles du Seigneur. Marie loue alors le Seigneur qui pour sauver a choisi son humble servante.

L’ange a annoncé à Marie l’offre de Dieu: elle serait mère et son fils serait appelé Fils de Dieu et il aurait pour nom Jésus, Dieu-sauve, et la présence de l’Esprit Saint serait sur Marie. Comme signe de ce que pour Dieu rien n’est impossible, l’ange lui révèle que sa cousine, âgée et supposée stérile, aurait un enfant et qu’elle en était à son sixième mois.

L’annonce de l’approche de Dieu qui vient sauver a toujours été une annonce de joie. Le prophète avait dit à Jérusalem : Pousse des cris de joie, fille de Sion… Sois sans crainte. Yahvé, ton Dieu est au milieu de toi (= en ton sein), héros sauveur (= Jésus). (Sophonie 3,14-15) Le premier mot de la salutation de l’ange à Marie avait été : Réjouis-toi, le Seigneur est avec toi.

Cette joie continue dans la scène de la Visitation. Il y a quelque chose de l’allégresse dans le fait que Marie se hâte d’aller vers sa cousine. Le voyage de Nazareth à une certaine montagne de la Judée est quand même un déplacement assez important. Le chant de bénédiction d’Elisabeth est un chant de joie. On pourrait dire la même chose de l’enfant qui tressaille dans son sein.

Comme elle avait été annoncée, la présence de Dieu est accompagnée de la présence de l’Esprit, présence qui a accompagné Marie dans son voyage et qui fait tressaillir l’enfant d’Elisabeth. Marie a apporté cet Esprit avec elle et cet Esprit emplit Elisabeth, non seulement pour lui donner la joie mais aussi pour lui révéler que Marie est la mère du Seigneur. Elisabeth est donc la première à proclamer que Marie est Mère de Dieu, ce qui sera le premier titre que les chrétiens donneront à Marie (Theotokos).

La présence du Dieu Sauveur, la présence de l’Esprit, la présence de la joie sont les raisons qui justifient notre chant aujourd’hui du Gloire à Dieu au plus haut des cieux.

 

2021/12/20 – Lc 1, 26-38

Dieu vient à notre secours

L’Annonciation du Seigneur est une fête dont la liturgie marque la solennité à l’eucharistie avec deux lectures précédant l’évangile, le Gloria et le Credo. La célébration de cette fête est reportée du mardi de la semaine pascale au lundi suivant. Immédiatement après l’octave de Pâques, le sommet où culmine la mission de Jésus, on nous rappelle le tout début, rapprochant de la sorte les deux moments extrêmes de son pèlerinage terrestre.

Pourquoi cette fête est-elle aussi importante? C’est que l’incarnation du Fils de Dieu, venant partager complètement notre condition humaine, commence avec ce premier instant de sa conception. Il n’a pas commencé son existence comme un adulte, ni même comme l’enfant de Noël, mais de la manière la plus humble, la plus fragile, dans le sein de la Vierge Marie. Il s’est abaissé à commencer son existence comme nous tous, il a débuté comme un fœtus à peine perceptible. Les chrétiens célèbrent ce moment unique dans l’histoire, Dieu qui vient parmi nous, le Sauveur qui se fait l’un des nôtres.

L’incarnation de Dieu constitue le cœur de notre foi chrétienne, qui la distingue des autres religions monothéistes, le Judaïsme et l’Islam. Pour nos frères juifs et musulmans, Dieu est l’être transcendant, le Tout autre, le Tout-Puissant, qui domine et régit l’univers. Il assure l’ordre de l’univers qu’il a créé et il veille sur chacun de nous, mais de haut et de loin. Pour la foi chrétienne, Dieu a tellement aimé le monde qu’il a donné son Fils unique, afin que quiconque croit en lui ne soit pas perdu, mais qu’il ait la vie éternelle (Jean 3, 16). Nous étions perdus dans notre misère, en raison de notre défiance et de notre séparation de Dieu, incapables de nous sauver nous-mêmes. Pour venir à notre secours, le Seigneur n’intervient pas de l’extérieur, de loin, il se compromet personnellement, en s’insérant dans le tissu humain de notre histoire, en vivant jusqu’au bout notre aventure humaine pour lui donner un sens de vie.

L’ange du Seigneur

Pour annoncer l’intervention centrale de l’histoire humaine, Dieu envoie son messager, qui, cette fois, est identifié par son nom, Gabriel, le héros de Dieu. Pour ne pas attirer indûment l’attention sur le messager, l’ange du Seigneur est très rarement nommé dans la Bible. Son message s’adresse à une jeune femme, ignorée de son milieu, dans une modeste localité et dans une province méprisée. La puissance divine peut se manifester dans une personne pauvre, qui ne peut offrir que l’ouverture de son cœur. Dieu est avec elle, selon la traditionnelle assurance qu’il donne à celui ou à celle qui reçoit une mission impossible à remplir. Le Seigneur est avec toi, il te comble de ses faveurs.

L’irruption de Dieu, du mystère, attire et, en même temps, effraie Marie, qui prend conscience de son indignité et de sa bassesse. C’est la crainte de Dieu, la réaction régulière d’attrait et de recul face à l’au-delà mystérieux; c’est la fascination et, en même temps, le sentiments d’indignité devant la présence divine. Aussi Gabriel rassure Marie, car le Seigneur de la paix ne veut jamais nous effrayer: Sois sans crainte.

La mission de Marie consiste à s’ouvrir au Fils du Très-Haut, pour lui permettre de s’insérer dans le tissu de l’histoire humaine. Les titres de ce fils relèvent du mystère et éblouissent Marie. Elle ne comprend pas ce déroulement de l’avenir que Dieu lui propose par son ange. Il en est toujours ainsi des interpellations du Seigneur. Il ne s’agit pas de comprendre pour accepter, comme si on adhérait à un calcul logique et raisonnable. La seule réponse à Dieu, c’est la foi qui permet de comprendre plus tard le mystère. Marie devient notre modèle par excellence par son accueil simple, mais sans réticence: Fiat, en latin, qu’il en soit ainsi!

La condition du salut de l’humanité

La condition essentielle pour accueillir le salut de Dieu, c’est la disponibilité. Dans son amour respectueux, le Seigneur ne s’impose pas et ne nous oblige pas à accepter ses dons. L’annonce de l’ange Gabriel à Marie résume les promesses que Dieu avait proclamées à son peuple par les prophètes. Au nom de notre humanité, la Sainte Vierge a acquiescé au projet de Dieu, même si elle ne comprenait pas ce qu’il lui proposait. Par sa foi, elle faisait confiance au Seigneur. Au contraire d’Ève, qui s’était défiée du Créateur, Marie se confie et se livre totalement au projet mystérieux de Dieu: Que tout se passe pour moi comme tu l’as dit.

La venue du Fils de Dieu dans notre monde pour nous sauver était devenue possible par ce oui de Marie. Par son accueil de la Parole, elle s’unit à son Fils, qui avait la mission de rétablir la communion de notre humanité révoltée avec Dieu, son Père.

Fécondité de la foi

La question de Marie à l’ange Gabriel ne signifie pas qu’elle doute de la promesse de Dieu. Sa foi n’exclut ni la prudence, ni l’intelligence. Marie ne met pas en doute la promesse de Dieu comme Zacharie, mais elle veut savoir comment se comporter devant cette demande du Seigneur. Dieu, par son ange, lui donne un signe, sans que Marie l’ait demandé : même âgée et stérile, sa cousine Élisabeth attend un enfant, contrairement à tout espoir humain. Dieu nous donne de lui-même des signes pour se révéler et nous faire mieux comprendre le mystère de son projet de salut.
Par suite de son consentement et de son obéissance, Marie pourra offrir au monde son Libérateur, tout en demeurant vierge. Rien n’est impossible à Dieu. Pour celle qui croit et aime, tout devient possible dans un émerveillement sans cesse renouvelé. Marie est une pauvre jeune fille de quatorze ans environ, vierge, et pourtant elle donnera la vie au Sauveur du monde, parce qu’elle est entièrement disponible à l’intervention du Seigneur. Par son accueil, elle contribue au premier instant de notre rédemption. Gabriel lui promet que, grâce à son oui, Dieu instaurera son règne de paix et de joie.

Conclusion

Notre histoire humaine se déroule dans un combat incessant entre le bien et le mal, entre le bonheur et le malheur, entre la vie et la mort. La condition essentielle de notre salut et de notre victoire, c’est de mettre en pratique l’exemple de Marie et son enseignement aux serviteurs de Cana, qui contribuèrent par leur obéissance au miracle du changement de l’eau en vin : Faites tout ce qu’il pourra bien vous dire. (Jn 2,5)

Jean-Louis D’Aragon SJ

202/12/18 – Mt 1, 18-24

Dans le film « Jésus de Nazareth », du cinéaste Zeffirelli, Marie rapporte à Joseph l’intervention de l’Esprit de Dieu pour expliquer sa grossesse. Joseph croit le récit de Marie et il lui fait confiance, mais il ajoute : « Qui croira une telle histoire ? »
De nombreux rationalistes par la suite se sont écriés : « Qui peut croire une telle histoire ? » Même des croyants, comme ce pasteur suisse, avouent souffrir d’une division en eux-mêmes : ils veulent croire en la conception virginale, mais, en même temps, leur raison leur dit qu’un tel miracle se situe au-delà de toute logique.

« Mes pensées ne sont pas vos pensées et mes voies ne sont pas vos voies », avait déjà prévenu le Seigneur. (És 55,8) Dieu nous déconcerte toujours. Ses pensées et ses projets dépassent sans cesse les limites de notre sagesse humaine. Quand l’action du Seigneur nous déconcerte, nous devons l’accueillir comme un mystère, que notre foi nous permettra un jour de comprendre.

Attente humaine – projet divin

À l’époque de Marie et de Joseph, les Juifs espéraient de tout cœur la venue du Sauveur, l’Envoyé suprême de Dieu, qui donnerait un sens à toute l’histoire humaine. Ils pensaient que le Messie apparaîtrait d’une manière mystérieuse et fulgurante, pour les libérer de tous leurs ennemis, en particulier des Romains qui dominaient le peuple élu. Comme nous tous, les Juifs transposaient en Dieu leurs rêves bien humains. Aussi, ils n’attendaient pas leur Sauveur dans la personne d’un enfant, fragile et pauvre, naissant comme tous les hommes.

Matthieu commence son Évangile par la généalogie de Jésus, pour montrer comment le Christ est vraiment l’un des nôtres, inséré dans la lignée de ses ancêtres. Selon le plan de Dieu, il s’est abaissé à notre niveau, s’incarnant pleinement dans notre monde, assumant toute la condition humaine, sauf le péché, qui n’appartient pas à notre nature telle que voulue par le Créateur. C’est l’amour infini de Dieu qui s’est révélé dans son Fils venu partager notre misère humaine.

Il est entré dans le monde sans aucun éclat extérieur, mais d’une manière mystérieuse, sans père humain. De même, il quittera notre monde par une intervention spéciale de Dieu, sans aucun témoin au moment de sa résurrection. Son entrée et sa sortie de notre monde seront de l’ordre du mystère, parce qu’elles proviennent de Dieu, le Mystère par excellence.

Il est « Dieu avec nous »

Certains peuples ont utilisé ce titre du Messie pour inclure Dieu dans leur armée et leur guerre, pour l’accaparer et le réduire à leur image. L’homme a toujours cédé à cette tentation de se représenter Dieu à son image, de la réduire à son niveau, au contraire du projet du Créateur, qui voulait le hausser et l’associer à son œuvre d’amour.

L’évangéliste Matthieu dégage la signification de cet événement en affirmant que la prophétie de l’Emmanuel se réalise en Jésus. Le contexte historique d’Isaïe 7,14 est celui du désespoir du roi Achaz et du peuple de Jérusalem, qui se voient menacés par les armées de Damas et de Samarie, par les araméens de Syrie et par leurs frères du Royaume du nord. Mais le prophète, au nom du Seigneur, annonce que la jeune épouse du roi Achaz aura un fils, auquel on donnera le nom significatif d’Emmanuel, « Dieu avec nous ». La dynastie royale se perpétuera et Jérusalem sera sauvé de ces dangereux envahisseurs. Le désespoir du roi et de son peuple représente la détresse de notre humanité, dont la mort paraît la seule issue. Seule l’intervention de Dieu par son Fils peut libérer le monde de la perdition et du désastre de la mort.

L’accueil de Joseph

L’évangéliste Matthieu insiste sur la réaction de Joseph face à la condition de sa fiancée. C’est dans un rêve que la conduite à tenir lui est indiquée. Le songe, ce phénomène mystérieux pour les anciens, était considéré comme un moyen que Dieu utilisait pour révéler sa volonté. Le songe agit sur un homme complètement passif, qui accueille le projet que le Seigneur veut accomplir par lui. C’est ainsi que Joseph, droit et juste, discerne la présence du sacré dans sa fiancée enceinte.

Rempli de respect envers cette intervention de Dieu en Marie, il estime humblement qu’il doit se retirer à l’écart, en dehors de cette réalisation divine. Mais Dieu lui-même lui attribue une fonction dans l’Incarnation de son Fils, en insérant Jésus dans la lignée d’Abraham et de David. Héritier de tous ces ancêtres du peuple élu, le Christ réalisera la promesse de salut que les prophètes ont proclamée au nom du Seigneur. Par son obéissance silencieuse et par sa disponibilité inspirée par la foi, Joseph permet au Seigneur d’accomplir la Bonne Nouvelle, son plan de vie et de bonheur pour l’humanité.

Conclusion

Dieu présente aux chrétiens le signe mystérieux de la conception virginale pour montrer à notre monde qu’il ne peut se donner par lui-même un sauveur. C’est l’Esprit de Dieu qui nous donne le Sauveur, par pure grâce, manifestation suprême de l’amour du Seigneur. Il nous offre tout, gratuitement, dans son Fils unique. En Lui, il est l’Emmanuel, il habite avec nous, sur notre terre, il nous montre son visage.

Jésus n’a pas de père humain, il a un seul Père, qui l’a engendré de toute éternité. Légalement, il est le fils de Joseph, mais Jésus vit toujours dans l’intimité de Dieu, son Père.

Jean-Louis D’Aragon SJ

 

2021/12/17 – Mt 1, 1-17

L’évangile commence par la généalogie de Jésus divisée en trois sections. La première section comprend 14 générations d’Abraham à David; la seconde a aussi 14 générations de David à l’exil; la troisième, du retour de l’exil jusqu’à Jésus, a aussi 14 générations. Ainsi, Jésus est l’aboutissement de l’histoire de la promesse qui a commencé avec Abraham.

Cette généalogie est importante pour Matthieu. Elle a un rôle à jouer. On aurait pu comprendre qu’il soit important de montrer le lien entre Jésus et David pour justifier son titre de Messie. Mais en allant jusqu’à Abraham, Matthieu veut faire autre chose.

Abraham est le commencement de l’histoire d’Israël. C’est à lui que Dieu a promis qu’il aurait une descendance et que cette descendance deviendrait une bénédiction pour tous les clans de la terre. (Gen.12,3) La généalogie représente donc l’histoire de la réalisation de cette promesse. C’est l’histoire du plan de Dieu. Les chiffres sur lesquels insiste Matthieu ont pour but de montrer que ce n’est pas un déroulement par hasard mais bien le plan voulu par Dieu. Jésus fait partie de ce plan: il en est le couronnement. C’est pour revenir sur ce plan de Dieu que Matthieu sera l’évangéliste qui fait le plus de citations de la Bible (41) et pour montrer ainsi que Jésus réalise ce qui avait été annoncé ou préparé. Jésus dira au début du Sermon sur la montagne: Je ne suis pas venu abolir (la Loi ou les Prophètes) mais accomplir. (Mt.5,17)

Dans cette lignée, il y a un fait insolite qui est là pour souligner l’action de Dieu à travers des situations très “irrégulières”. La descendance est ordinairement établie par la lignée masculine. Or, à quatre reprises Matthieu mentionne des femmes. Thamar et Ruth ont contribué à assurer la descendance à leur mari décédé en s’unissant à un parent selon la loi du lévirat. Rahab était une prostituée de Jéricho qui protégea les espions de Josué. En reconnaissance de cela, elle et sa maison fut épargnée quand Jéricho fut détruite. Bethsabée, la mère de Salomon, avait été l’épouse d’Ourias le Hittite dont David avait été la cause de sa mort. Matthieu fait comme les commentateurs juifs qui considéraient ces femmes comme des saintes parce que Dieu les avait choisies pour continuer la descendance d’Abraham et de David. Mais Matthieu se trouve à souligner autre chose en les nommant. L’auditoire de Matthieu sont des juifs convertis. Et il semble bien que Matthieu voulait leur rappeler l’importance des non-juifs aux yeux de Dieu. Ces femmes importantes pour la succession d’Abraham ou de David sont des étrangères: Thamar et Rahab sont des Cananéennes; Bethsabée est probablement Hittite comme son premier époux et Ruth est non seulement Moabite, Moab est un ennemi important d’Israël, mais Jessé qui est né d’elle fut le père de David! Ces détails de la généalogie de Matthieu ne pouvaient échapper à des oreilles juives.

Matthieu sentira le besoin de rappeler à sa communauté la nécessité de voir plus loin que le cadre d’Israël. Les premiers à reconnaître la royauté de Jésus à Bethleem sont des étrangers: des Mages. Au sujet du centurion à Capharnaüm, qui est probablement un syrien mais sûrement pas un juif puisqu’il est à la solde d’Hérode Antipas, Jésus déclare : En vérité, je vous le dis, chez personne je n’ai trouvé une telle foi en Israël. (Matthieu 8,10)

Mais en même temps, Matthieu encourage sa communauté à avoir un grand respect pour ce que représente le judaïsme. Il a cette phrase de Jésus : Car je vous le dis, en vérité: avant que ne passent le ciel et la terre, pas un i, pas un point sur l’i, ne passera de la Loi, que tout ne soit réalisé. (Matthieu5,18) Jésus vient réaliser et couronner l’histoire que Dieu a commencée avec Abraham, une histoire que la généalogie de Jésus vient rappeler.

Jean Gobeil SJ

2021/12/16 – Lc 7, 24-30

Jésus fait l’éloge de Jean-Baptiste. Il interpelle la foule pour demander qui est Jean-Baptiste. Il vit au désert, sans vêtements riches. Il répète la question: Qu’êtes-vous allés voir? Il déclare un prophète et plus qu’un prophète. Il est le messager envoyé pour préparer la voie devant le Messie. Il conclut pourtant que le plus petit dans le Royaume de Dieu est plus grand que lui.

Nous avons entendu dimanche dernier le passage qui précède celui d’aujourd’hui. De sa prison, Jean-Baptiste avait envoyé de ses disciples demander à Jésus s’il était celui qu’on attendait comme Messie. Il avait des doutes en entendant le récit de ce que Jésus disait et faisait: au lieu de condamner des gens reconnus comme pécheurs publics, il les fréquentait et allait même jusqu’à manger avec eux. Jésus leur avait répondu indirectement en disant que les miracles qu’il faisait correspondaient à la prédiction du prophète Isaïe sur le Messie. Or, ces miracles étaient des miracles de libération plutôt qu’un feu destructeur du mal. Il corrigeait ainsi la vision du Messie qu’avait Jean-Baptiste: Jésus n’était pas venu pour condamner mais pour libérer. Il dira plus tard qu’il qu’il est venu chercher et sauver ce qui était perdu. (Luc 19,10)

La question des disciples de Jean-Baptiste et la réponse de Jésus ont été faites devant un public. Et Jésus ne veut pas qu’on pense qu’il veut diminuer Jean-Baptiste. C’est pourquoi il fait son éloge dans le texte que nous venons de lire. Et pourtant, il finit en déclarant que le plus petit du Royaume est plus grand que lui. Comment expliquer cela?

Jean-Baptiste annonçait la venue du Règne de Dieu. Mais avec la présence de Jésus le Règne de Dieu est là et un monde complètement différent est là. Jean-Baptiste au Jourdain attendait que les gens viennent à lui et alors il leur annonçait un jugement menaçant. Jésus, au lieu de rester au Jourdain, après son baptême s’est mis à parcourir la Galilée. Il a pris l’initiative et au lieu de rejeter les pécheurs il leur a annoncé une Bonne Nouvelle. Il venait chercher et sauver ce qui était perdu. Ceux qui étaient touchés par lui, selon la parole de Jésus, était plus grand que Jean-Baptiste.

De nombreux textes du Nouveau Testament parlent de cette grandeur et en donne l’explication. Saint Pierre d’abord , dans sa seconde épître, dit que les chrétiens sont devenus “participants de la nature divine”. (2 P.1,4)

Nous lisons dans l’épître aux Éphésiens cette parole attribuée à Paul: “vous (les chrétiens) êtes concitoyens des saints; vous êtes de la maison de Dieu.” (Eph.2,19) Jean, dans la première épître, dit: “Voyez quelle manifestation d’amour le Père nous a donnée pour que nous soyons appelés enfants de Dieu. Et nous le sommes!” (1 Jn.3,1) Et avant ces témoignages, Paul avait dit: “Tous ceux qu’anime l’Esprit de Dieu sont fils de Dieu…. Enfants de Dieu. Enfants et donc héritiers: héritiers de Dieu et cohéritiers du Christ.” (Rom.8,12…17) Cette vie nouvelle est due à la présence du Christ. Et Noël est la fête de cette première présence de la vie du Règne de Dieu parmi nous.

Jean Gobeil SJ

2021/12/15 – Lc 7, 18b-23

Jean Baptiste, qui est prisonnier, envoie deux disciples demander à Jésus: Es-tu celui qui doit venir ou devons-nous en attendre un autre? Pour illustrer sa réponse, et, en même temps illustrer que la Bonne Nouvelle est annoncée aux pauvres, Jésus délivre des possédés et fait des guérisons. Puis il leur dit: Allez rapporter à Jean ce que vous avez vu et entendu. Suit une liste d’exemples de libérations qu’Isaïe promettait pour la venue de celui qui devait venir. Jésus conclut avec un avertissement: Heureux celui qui ne tombera pas à cause de moi.

Cet avertissement de la fin souligne qu’il y avait une difficulté à la base de la démarche des disciples de Jean Baptiste. Jésus ne correspondait pas parfaitement à l’image du Messie que la prédication de Jean Baptiste suggérait. Jean avait parlé de la venue d’un jugement et de la menace d’une condamnation. Ce serait le moment de la séparation des bons et des mauvais. Les images qu’il employait étaient celle du vannage de la récolte où la paille est séparée du bon grain et jetée au feu ou encore celle de la hache qui abattrait l’arbre qui ne portait pas de fruit. La seule façon de se protéger de cette condamnation était de se préparer par la pénitence et le signe d’un baptême. L’image du Messie ne pouvait être que celle d’un juge puissant et impitoyable. Ce serait le temps de la grande alarme et non de la bonne nouvelle.

Jésus leur répond de la même façon qu’il fera avec les disciples d’Emmaüs, des disciples découragés par la mort du Christ: il leur fait écouter les paroles d’Isaïe, la parole de Dieu. Ses paroles ici sont des échos d’Isaïe dans ce qu’on appelle le livre de la consolation. Nous l’avons entendu aujourd’hui dans la première lecture parler d’un Dieu qui est créateur, qui crée un monde pour la vie, une terre pour qu’elle soit habitée; un Dieu qui est juste et sauveur qui émet une parole de salut même pour ceux qui s’étaient dressés contre lui et qui reviennent couverts de honte.

C’est un texte semblable, un texte de délivrance et de salut, que Jésus a choisi dans Isaïe pour sa première prédication à Nazareth : L’Esprit du Seigneur est sur moi, parce qu’il m’a consacré par l’onction, pour apporter la bonne nouvelle aux pauvres; il m’a envoyé annoncer aux captifs la délivrance et aux aveugles le retour à la vie, renvoyer en liberté les opprimés, proclamer une année de grâce du Seigneur. (Luc 4,18-19)

C’est la sorte de Messie que Jésus est: il apporte la bonne nouvelle aux pauvres. Il apporte une bonne nouvelle, que Dieu vient rencontrer pour sauver. Mais ceux qui sont les mieux préparés pour l’accueillir sont ceux que la Bible appelle les pauvres ou les petits, les anawim. Ils sont ceux qui qui ne peuvent compter ni sur leur richesses ou leur talent, ou leur puissance ou leur statut social. Ils sont limités et ils le savent. Ils ne peuvent compter que sur Dieu. Ils sont ouverts à la bonne nouvelle de la venue de Dieu. C’est précisément ce à quoi l’Avent nous prépare.

Jean Gobeil SJ

2021/12/14 -Mt 21, 28-32

Les deux fils de cette parabole se ressemblent du fait qu’ils sont tous les deux divisés en eux-mêmes: ils agissent en contradiction avec leur réponse qu’ils ont adressée à leur père. Le premier refuse d’obéir, mais, par la suite, il fait ce que son père lui a demandé. Le second fils acquiesce poliment, mais il ne fait rien. Une telle division destructrice sévit trop souvent à l’intérieur de tous les humain, esclaves de leur égoïsme et de leur péché.

Le premier fils s’oppose à la volonté de son père, mais, après avoir souffert de cette division, il refait son unité en conformant son action au désir de son père.

Le second fils voit bien ce qui est le meilleur, il le dit en acquiesçant au désir de son père, mais son inaction contredit ensuite l’idéal qu’il a entrevu.

Quelle est la signification de cette allégorie?

Le propriétaire de la vigne représente le Seigneur. Le premier fils, qui refuse d’obéir, ce sont, à l’époque de Jésus, les publicains et les prostituées, Au temps de l’Église, ce fils rebelle est la figure des païens qui, après avoir violé les exigences inscrites par leur Créateur dans leur nature, se convertissent et entrent dans la Communauté chrétienne. Après avoir erré loin de leur Seigneur, ils ont entendu finalement l’appel de changer de vie et de croire à la Bonne Nouvelle. Travailler à la vigne symbolise donc l’obéissance à la volonté de Dieu.

Le second fils qui dit « Oui », mais qui ne va pas travailler, est l’image des chefs des prêtres et des anciens, qui, malgré leur profession apparente d’obéissance à la volonté de Dieu, rejettent l’appel de Jean Baptiste et de Jésus de se convertir. Jean a « vécu selon la justice », en plein accord avec la volonté de Dieu; sa vie garantissait l’authenticité de son message. Il parlait au nom de Dieu, mais il dérangeait. Prolongeant l’appel de Jean, la proclamation de Jésus bouleversait l’ordre établi. Les chefs ont non seulement refusé son appel à la conversion, mais ils l’ont violemment condamné à la croix.

Les adolescents ont la tentation de se révolter contre tout commandement, qu’il vienne de leurs parents, de leur professeur, de l’autorité civile ou de l’Église. Ils soupçonnent dans tout ordre une atteinte à leur liberté et à leur personnalité. Même parvenus à l’âge adulte, nous résistons secrètement à toute loi. Nous obéissons souvent après plusieurs refus. Obéir est difficile pour les descendants d’Adam, qui ont cultivé le doute et la défiance.

Il est facile de dire extérieurement « Oui » à Dieu, tout en lui disant « Non » dans la réalité. Il est facile d’offrir une messe pour les âmes du purgatoire, tout en refusant de changer de vie en obéissant aux commandements de Dieu et de l’Église.

Les deux fils sont une source de peine pour leur père. Chez aucun des deux n’existe une parfaite harmonie entre leur parole et leur conduite. Mais, au-delà de la parabole, se profile la présence d’un troisième fils, celui qui propose la parabole, Jésus. Son attitude est complètement différente de celle des deux fils: « Le Fils de Dieu, Jésus Christ, que j’ai prêché chez vous, n’a pas été « Oui » et « Non », il n’a été que « Oui ». (2 Cor 1,19) Toute sa vie se résume dans cette prière à Gethsémani: « Père, non pas ce que je veux, mais ce que tu veux. » (Mc 14,36). Nous serons vraiment ses disciples lorsque tout en nous sera « Oui » à Dieu.

Le Livre des Actes nomme souvent la foi chrétienne « La Voie ». Ce n’est pas seulement une doctrine, une philosophie,.. La réflexion, les pensées et les projets généreux sont sans valeur sans nos actions et notre pratique. « Je crois, mais je ne pratique pas », manifeste une foi sans consistance, une division intime dans sa personne. Un verre d’eau donné au nom du Christ vaut mille fois plus que les plus belles réflexions et que les plus brillants discours.

Plusieurs semblent avoir dit « Non » à Dieu, alors qu’ils travaillent en fait dans la vigne du Seigneur. Ils semblent nier Dieu, parce qu’on leur a présenté une fausse image de Dieu, une caricature déformante. Ils obéissent à la volonté du Seigneur quand ils se dévouent pour les démunis, comme médecins sans frontières,… Le Juge suprême, au dernier jour, les reconnaîtra comme les siens, même s’ils ne savaient pas que c’était Lui qu’ils secouraient (Mt 25, 34).

« Les publicains et les prostituées vous précèdent dans le Royaume de Dieu ». Une telle déclaration à la face des leaders du peuple juif a dû scandaliser. Si Jésus reprenait cette affirmation à propos des itinérants, des prisonniers,…de notre milieu, qu’en dirions-nous?

Les publicains et les prostituées ne peuvent s’illusionner sur leur situation devant Dieu. Ils ne peuvent se cacher, comme les pharisiens, sous une obéissance extérieure. Ils sont conscients que leur « Non » est « Non », un clair rejet de la volonté de Dieu. Cette absence d’illusion peut conduire vers le désespoir, qui, cependant, rend possible une prise de conscience, un cri d’appel, un retour vers le Père du prodigue. Mais le « Oui » apparent des justes, des pharisiens, peut rassurer et faire disparaître le besoin de conversion.

Nos refus accumulés dans le passé ne sont jamais irréversibles. Il dépend de nous de les annuler par un « Oui » du fond du coeur. Pour celui qui parvient à comprendre que Dieu est son Père, rien n’est impossible.

Jean-Louis D’Aragon SJ

2021/12/13 – Mt 21, 23-27

Jésus est entré dans le temple et il enseigne. Des chefs des prêtres et des anciens viennent l’interpeller et lui demander quelle autorité lui permet de faire ce qu’il fait et quelle sorte d’autorité il a. Jésus leur demande de dire quelle était l’autorité de Jean Baptiste: l’autorité lui venait-elle de Dieu ou des hommes? Les prêtres et les anciens refusent de se compromettre: ils ne peuvent pas dire de Dieu puisqu’ils n’ont pas reconnu la mission de Jean-Baptiste et la peur de la foule les empêche de dire que sa mission était purement humaine. Ils répondent: Nous ne le savons pas. Jésus déclare alors: Moi, non plus, je ne vous dis pas par quelle autorité je fais cela.

L’entrée triomphale de Jésus dans Jérusalem provoque la surprise dans Jérusalem.: Toute la ville fut agitée.(Mt.21,10) On demande: qui est-ce ? Les foules, celles qui accompagnaient Jésus, répondent: C’est le prophète Jésus, de Nazareth en Galilée. Et Jésus agit immédiatement en prophète. Il fait la purification du temple en chassant les vendeurs ce qui rappelle la prophétie de Zacharie, parlant du Jour final de la venue de Yahvé: Il n’y aura plus de marchand dans la maison de Yahvé Sabaot. (14,21)

. Des aveugles et des boiteux s’approchent de lui et il les guérit. Des enfants acclament Jésus: Hosanna au fils de David. C’est une acclamation messianique. Les grands prêtres et les scribes sont indignés et ils protestent auprès de Jésus. Jésus leur répond en citant le Psaume 8,3: Yahvé lui-même a mis la louange dans la bouche des petits.

Jésus passe la nuit à Béthanie, en dehors de Jérusalem. Il revient le lendemain au temple où il enseigne. Les grands prêtres reviennent et avec eux des Anciens, c’est-à-dire des notables dont certains font partie de la cour suprême, le Sanhédrin. Ils veulent savoir d’où lui vient son autorité et quelle sorte d’autorité il a. Ils ne viennent pas pour l’écouter ni pour reconnaître les signes qu’il fait. Ils font ce qu’ils ont fait pour Jean Baptiste. Les foules acceptaient Jean Baptiste. Eux n’acceptent pas de concurrence: ils ont le monopole de la parole. Et ici, sur le territoire du temple, ils sont encore plus agressifs: c’est leur domaine et aussi une grosse source de revenus. C’est pour cette raison d’ailleurs que grands prêtres et anciens ont toujours pactisé avec les autorités hérodiennes ou romaines. Cela reviendra au procès religieux de Jésus où on essaiera de le faire condamner pour de prétendues attaques contre le temple.

La venue de Jésus à Jérusalem est l’occasion de son témoignage final. Il fait une entrée comme un Messie mais comme un Messie humble: il n’est pas un Messie guerrier ou un roi qui vient pour dominer. Des gens savent quand même le reconnaître comme le fils de David qu’ils attendaient et des enfants l’acclament même dans le temple. Jésus veut donc rendre un témoignage final sur la sorte de Messie qu’il est. Il est le prophète, l’envoyé qui vient purifier le temple pour la venue de Dieu dont parlait Malachie:
Voici que je vais envoyer mon messager pour qu’il fraie un chemin devant moi. Et soudain il entrera dans son sanctuaire, le Seigneur que vous cherchez; et l’Ange de l’alliance (le Christ) que vous désirez, le voici qui vient! dit Yahvé Sabaot . (Mal.3,1) Les miracles qu’il fait sont des signes qu’avec lui le Règne de Dieu est arrivé et l’enseignement qu’il donne est celui du Prophète par excellence qui apporte la Parole de Dieu et sa présence. C’est le Messie qu’il est. C’est ce que les autorités refuseront et rejetteront.

Jean Gobeil SJ

 

 

 

2021/12/11 – Mt 17, 10-13

Les disciples interrogent Jésus sur ce que disent les scribes à propos du prophète Élie supposé revenir avant le Messie. Jésus déclare qu’il est déjà venu et qu’il n’a pas été reconnu par les scribes et que le Fils de l’homme aussi va souffrir par eux. Les disciples comprennent que Jésus parle de Jean Baptiste.

La première lecture tirée du livre du Siracide rappelle les hauts faits du prophète Élie. Son rôle a été important dans les débuts de l’histoire d’Israël dans la Terre Promise. C’était le moment où Israël passait du nomadisme dans le désert à la vie sédentaire. Il avait dû emprunter au populations locales les techniques de la culture du sol et la tentation était grande d’adopter en même temps les divinités qui étaient les assurances pour la pluie, comme Baal, ou pour la fertilité des troupeaux, comme Astarté. Le rôle d’Élie fut de rappeler que Yahvé, le Dieu de l’histoire qui les avait délivrés d’Égypte et accompagnés au désert, était aussi le Maître de la pluie et de la fertilité. Après ses luttes, Élie avait été emporté au ciel sous les yeux de son disciple Élisée. Pour cette raison on croyait qu’il reviendrait un jour.

Au temps de Jésus, on trouve, dans les écrits apocryphes qui parlent de la venue du Messie, la croyance qu’Élie précédera cette venue. En parlant des scribes, c’est à ces écrits que font allusion les disciples.

Mais pour Jésus, c’est Jean Baptiste qui a rempli le rôle de préparer la venue du Messie. Plut tôt (Mt.11,2), des disciples de Jean Baptiste étaient venus questionner Jésus. A la suite de cela, Jésus avait rendu témoignage au Précurseur. En allant à Jean Baptiste, les gens ne sont pas allés voir un roseau agité par le vent. Il ne sont pas allés voir un personnage mondain comme ceux qui sont dans les palais. Jésus dit à ses auditeurs qu’ils ont raison de le considérer comme un prophète. Il est même plus qu’un prophète.

Il est le messager envoyé pour préparer la route devant celui qui apporte le Royaume de Dieu.. (Mal.3,1)

Jésus avait ensuite ajouté quelque chose qui associait Jean Baptiste à la vie du Christ : Jean mène une vie austère au désert et l’on dit: “Il est un possédé!” Le Fils de l’homme mange et boit et l’on dit: “Voilà un glouton et un ivrogne!” Comme le Christ, Jean Baptiste a été attaqué et rejeté par les autorités religieuses et, en fin de compte, il a été exécuté à cause de sa prédication. Son témoignage a été jusque là.

Or, dans notre texte aujourd’hui, Jésus fait encore allusion à ce parallèle entre la vie de Jean Baptiste et la sienne : Au lieu de reconnaître Jean Baptiste, ils lui ont fait tout ce qu’ils ont voulu. Le Fils de l’homme, lui aussi, va souffrir par eux. Il semble donc que, pour Jésus, la grandeur de Jean Baptiste n’est pas seulement d’avoir annoncé en paroles la venue du Messie mais d’avoir, comme lui, porter sa croix pour être fidèle à son témoignage.

Jean Gobeil SJ

2021/12/10 – Mt 11, 16-19

Jésus prend une comparaison pour illustrer le refus de la bonne nouvelle. Il y a des enfants qui refusent de participer à un jeu joyeux et de danser au son de la flûte. Les mêmes enfants refusent de participer à un jeu triste où il faut mimer le deuil. Il en a été de même pour Jean Baptiste et Jésus. Jean baptiste menait une vie austère et avait un message sévère: on l’a refusé en prétextant qu’il était possédé. Jésus, lui, mange et boit avec ceux qui l’invitent, et on le refuse en prétextant qu’il est un glouton. Pourtant, c’était la sagesse de Dieu qui se révélait par ses deux envoyés.

Tout cet épisode a commencé par les disciples de Jean Baptiste qui sont venus demander à Jésus s’il fallait reconnaître en lui celui qu’on attendait. Jésus a répondu en citant ses œuvres: des guérisons et des libérations, qui réalisaient la description d’un messie que donnait le prophète Isaïe. C’était là que se reconnaissait la sagesse de Dieu pour ceux qui étaient prêts à le recevoir.

Après le départ de ces disciples, Jésus avait loué Jean Baptiste devant la foule. Maintenant, Jean Baptiste était en prison et il allait être exécuté. Le précurseur aurait le même sort que celui qu’il annonçait. Cela nous donne un sens possible de la phrase mystérieuse qui suit : Depuis les jours de Jean le Baptiste jusqu’à présent le Royaume des Cieux souffre violence, et des violents s’en emparent. (Mt.11,12) Les adversaires de Jésus comme ceux de Jean Baptiste non seulement rejettent l’annonce du Royaume mais encore ils sont violents et ils réussiront à faire disparaître Jésus aussi bien que Jean Baptiste.

Mais en agissant ainsi, ils ne voient pas qu’ils rejettent la sagesse de Dieu qui se manifestait à travers leur message. C’est ce que veut illustrer notre passage aujourd’hui.

Cette génération, dit Jésus, c’est-à-dire ceux qui refusent le message de Jean Baptiste et celui de Jésus, ressemblent à des gamins capricieux qui refusent de participer à des jeux en donnant comme prétexte que ce qui est gai est trop gai et que ce qui est triste est trop triste. Pour qui refuse, tout prétexte est bon même si les prétextes sont contradictoires. Quand on a décidé de refuser, on n’a pas besoin de la logique.

Jésus applique l’exemple à cette génération. Jean Baptiste menait une vie très austère: il était l’homme du désert. Il dérangeait en prêchant la conversion du coeur en préparation de la venue du Royaume de Dieu. On l’a refusé et on s’est justifié en prétextant qu’il était possédé. Jésus vit avec tout le monde; il ne demande pas de jeûnes de ses disciples comme Jean Baptiste et il accepte les invitations à manger même avec des pécheurs. On refuse son message en prétextant qu’il est un glouton. Et pourtant, c’était la sagesse de Dieu qui agissait et qui parlait à travers Jean Baptiste et à travers le message de Jésus. C’est ce qu’on refuse. Et le résultat est bien visible: quand on est refuse d’écouter la sagesse de Dieu, on est à l’aise avec les contradictions et l’absurdité.

Jean Gobeil SJ