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2021/02/02 – Lc 2, 22-40 – Présentation du Seigneur au Temple

Les parents de Jésus vont au temple pour offrir le sacrifice qui représente le rachat de l’enfant: comme tout premier-né, il doit être consacré au Seigneur. Syméon, un homme juste et religieux qui attendait la Consolation d’Israël, vient au temple poussé par l’Esprit. Il prend l’enfant dans ses bras et prononce une bénédiction: Mes yeux ont vu le salut préparé à la face de tous les peuples, lumière pour éclairer les nations païennes et gloire d’Israël ton peuple. Il bénit les parents et prédit qu’il sera un signe de division. Anne, une femme prophète, à son tour proclamait les louanges de Dieu et parlait de l’enfant à tous ceux qui attendaient la délivrance d’Israël. Après avoir rempli tout ce que demandait la Loi, les parents retournèrent à Nazareth. Et l’enfant grandissait en sagesse.

La scène veut montrer la réalisation de ce qui a été préparé dans l’histoire d’Israël. Le texte commence en disant littéralement: Quand furent accomplis les jours…. C’est une formule ordinairement pour parler d’un moment du plan de Dieu qui est arrivé: c’est l’aujourd’hui de Dieu dont parle l’épître aux Hébreux (3,13). S’accomplit maintenant ce que le prophète Malachie annonçait dans la première lecture:
Soudain viendra dans son temple le Seigneur que vous cherchez.

Le temple a toujours représenté la présence de Dieu dans l’histoire d’Israël. On savait bien que Dieu ne pouvait être contenu dans le temple mais on avait quand même là un accès à sa présence. Comme disait le Psaume 18 : Vers mon Dieu je lançai mon cri; il entendit de son temple ma voix et mon cri parvint à ses oreilles.

Mais c’est d’une nouvelle présence dont parle le prophète Malachie et que le vieillard Syméon appelle la Consolation d’Israël. Ces deux personnages, Syméon, un homme juste et pieux, et la prophétesse Anne, qui étaient assidus à la prière au temple, représentent ceux qui étaient humbles et fidèles à cette attente. Avec la présence de Jésus au temple, l’Esprit Saint commence à agir: c’est lui qui pousse Syméon au temple à ce moment précis.

Il y a un autre trait qui souligne le lien avec l’histoire d’Israël et le plan de Dieu. Par trois fois est mentionné le fait que les parents de Jésus agissent par fidélité à la Loi de Moïse. Ils observent le temps fixé par la Loi et viennent accomplir deux rites prescrits par cette Loi: la purification de la mère et le rachat du premier-né. Il ne s’agit pas de la Loi telle qu’expliquée par les Pharisiens mais bien de cette Loi qui représentait la réponse du peuple de Dieu à l’Alliance qu’il lui avait offerte.

C’est cette nouvelle présence de Dieu qui sera caractérisée par la présence de l’Esprit Saint, comme nous le montrent les premiers chrétiens dans le livre des Actes.

La présentation de l’enfant au temple représente donc la réalisation de cette attente.

Jean Gobeil SJ 

2021/02/01 – Mc 5, 1-20

Pour ce lundi, le long passage proposé à notre réflexion décrit une scène spectaculaire. L’événement se produit en terre païenne : dans la Décapole ou « au pays des Géraséniens ». Le malade qui bénéficiera du pouvoir de Jésus est un fou furieux, que personne ne pouvait maîtriser et qui hantait les tombeaux et les montagnes, se déchirant avec des pierres et poussant des cris affreux. Il semble donc que les humains aient abandonné ce forcené, l’estimant irrécupérable parce que son mal était sans remède : impossible aux simples mortels d’arracher cet individu à la foule de démons qui avaient élu domicile en lui.

Ce cas désespéré permettra une démonstration de l’étendue de la puissance de Jésus. Le possédé reconnaît cette puissance car, cette sorte d’Hercule détraqué se précipite vers Jésus, non pas pour l’attaquer et le mettre en pièces mais pour se prosterner devant lui. On s’attendrait à ce qu’il demande la guérison, comme c’est toujours le cas quand un malade rencontre Jésus, mais en fait, ce cinglé n’a même plus la faculté de la parole indépendante. Ce sont les démons qui parlent par sa bouche, le réduisant au rang d’un simple instrument. Ils demandent à Jésus de les laisser tranquilles, mais c’est bien évident qu’il n’accèdera pas à cette requête en abandonnant le pauvre homme à leur empire.

La confrontation inévitable prend des allures étranges. Jésus intime aux démons de sortir de cet homme. En fait, il semblerait qu’ils aient un porte-parole qui en leur nom, engage la négociation avec Jésus. C’est lui qui supplie, (ne me tourmentes pas), qui révèle qu’ils sont « Légion », et qui insiste pour ne pas être envoyé hors du pays. Surprenante demande qui suggère que ces démons sont sédentaires ou qu’ils ne parviendraient pas à opérer en terre sainte, car, « hors du pays » signifie probablement « en terre d’Israël ». Et c’est ce porte parole qui finit par trouver une solution : « Envoie-nous dans les porcs pour que noue entrions en eux. » Il le leur permit, et le troupeau de porcs se précipita de la falaise dans la mer. Il y en avait environ deux mille.

Les porcs sont impurs. Comme les démons. On ne devrait donc pas regretter leur noyade, métaphore de la domination irrésistible du Fils de Dieu. Mais en fait, tout ne finit pas bien! L’homme délivré des démons n’obtient pas le privilège de suivre Jésus. Ceux qui ont assisté à la scène du naufrage des porcs sont saisis de panique : ils s’enfuient, répandent la nouvelle, et à leur tour, ceux qui entendent leur récit sont saisis de crainte. Ils demandent à Jésus de s’éloigner de leur territoire. Mais pourquoi le supplient-ils de s’en aller? On pourrait avancer l’explication suivante.

L’acte de puissance que Jésus vient de poser signifie qu’il concentre en lui l’aspect redoutable du sacré : le tremendum. Cet aspect du sacré est dangereux et l’on doit s’en protéger, même et surtout parce qu’il est attirant, un peu comme un feu nocturne en plein air : les flammes captivent les insectes qui finissent par s’y brûler les ailes et tomber dans le brasier. Et si le texte n’était pas plus proche d’un conte fantastique que d’un reportage, il y aurait un autre argument pour souhaiter que le guérisseur de Nazareth retourne chez lui au plus vite : sa propre sécurité! Car, précipiter deux mille porcs dans la mer, c’est provoquer un désastre économique. Pour les gens de la Décapole, un porc n’est pas impur : c’est de la nourriture. Même de nos jours, un entrepreneur chrétien dont on provoquerait la banqueroute de cette manière réagirait violemment : il tuerait Jésus ou le poursuivrait pour dommages et intérêts.

Melchior MBonimpa